S’il est bien un sujet « qui aura défrayé la chronique », comme on dit dans le jargon médiatique, c’est bien le voyage de Mindy Pollak, conseillère du district Claude-Ryan et membre du parti municipal Projet Montréal, le parti de la mairesse Valérie Plante. Une décision d’ordre familial affirme la conseillère Pollak sans en dire plus. Sauf que ce voyage impromptu a créé une vague de protestations qui interpellent autant ses collègues d’Outremont que les cadres de son propre parti. Nombre de citoyens s’en sont émus tant à Outremont qu’au-delà des limites de l’arrondissement.

Les citoyens attendent de leurs élu.es qu’ils et elles montrent l’exemple surtout en période de restrictions, de précarité, d’inquiétude, etc.; bref, lors de toutes sortes de difficultés que traverse la collectivité. Les exemples ne manquent pas et la pandémie de Covid-19 en est un bel exemple, même si les aléas personnels et familiaux viennent se placer parfois en haut des priorités.
Car, au bout du compte, le voyage de Mindy Pollak à New York a certainement d’excellentes raisons médicales. Or, ce qu’on lui reproche, c’est d’être partie sans prévenir personne ni demander une quelconque autorisation, fort justifiable au demeurant, ni « remettre les clés de son bureau » : L’image ici était surtout de prévenir son chef, le maire d’Outremont et ses collègues du conseil des élus, de valider ce voyage auprès de son parti, et bien sûr de transférer ses responsabilités de mairesse suppléante et de présidente du CCU, entre autres, pendant son absence. La précipitation de ce départ, même si la santé de ses proches importait et lui imposait, induit à son encontre une perception regrettable de légèreté… malgré l’esprit des fêtes de fin d’année !
L’exception qui confirme la règle ?
La grogne rejoint également ses collègues du conseil d’arrondissement. Rosane Ouellet aborde l’imputabilité du maire et lui demande de justifier qu’il était bel et bien à Outremont pendant toute cette période d’absence de la conseillère Pollak. « Si vous êtes transparent avec vos administrés, quels sont les jours de vacances que vous avez déclarés pendant la période des fêtes ? », ajoute Jérôme Allaire. « Mesdames Magini et Patreau, étiez-vous au courant que Mme Pollak avait quitté l’arrondissement d’Outremont le 15 décembre pour se rendre à NYC ? », interpelle Caroline Braun.
Les réactions sont multiples. Avec Véronique Geoffrion et Martin Lapointe, certains Outremontais.es demandent carrément la démission de la conseillère, mais la plupart questionnent la sanction qui lui serait appliquée… s’il devait y en avoir une.
Sébastien Joannette, Catherine Jazbinsek rappellent d’ailleurs les sanctions qu’ont subies plusieurs personnalités politiques des différents paliers de gouvernement ces derniers jours. Alexandra Troubetzkoy en dresse même une liste pancanadienne de 21 noms.
Dans le mot des élus en début de séance, Mindy Pollak a rappelé sans s’étendre ce qu’elle avait déjà indiqué sur son compte Facebook. Elle admet que ce choix personnel affecte son entourage. « Je suis en isolement depuis mon arrivée et je suivrais le protocole sanitaire (une quarantaine) lorsque je serais de retour au pays », affirme la conseillère. Parallèlement, elle reconnait et félicite les efforts titanesques de l’équipe municipale et de la population pour contrer l’épidémie de Covid-19.
Sanctionner un voyage humanitaire ?
Sept citoyens ont ainsi interpellé les élu.es sur le sujet. Tel que lui permet le règlement de la période de questions qui limite à trois questions sur un même sujet, le maire Philipe Tomlinson a répondu à trois d’entre eux de la même manière, tout en donnant toutefois plus de détails sur les conditions qui expliquent, sans toutefois la justifier, la décision prise par la conseillère du district Claude-Ryan : « Pour notre part, il est important de rappeler que Mindy Pollak est partie le 15 décembre afin d’aider sa sœur dont une des filles se faisait opérer d’urgence; que les voyages humanitaires pour soutenir des familles avec des problèmes de santé sont permis, et ce depuis le début de la pandémie, entre le Canada et les États-Unis; que Mme Pollak est une personne seule qui est allée rendre visite à une seule bulle familiale, et qu’elle est la seule membre de sa famille pouvant aider; que le gouvernement du Québec n’a pas interdit les voyages, en particulier les voyages pour aider les membres de la famille; que Mindy Pollak n’aurait pas agi ainsi si la situation familiale n’était pas urgente; que Mme Pollak peut travailler à distance sans problème et qu’elle n’a manqué aucune rencontre depuis son départ. »
« Pour ce qui est d’une sanction, éventuelle ou non, a-t-il ajouté, conformément aux pratiques usuelles, la question sera abordée par les instances du caucus de Projet Montréal. »
Revoyez le conseil municipal du lundi 11 janvier 2021 ici !
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Commentaires
Madame Mindy Pollak a oublié ou ne semble pas comprendre que l'exemple est efficace à 80 % alors que la parole ne l'est qu'à 20 %.
Cette urgence aurait été acceptable si la personne était une simple outremontaise ne faisant pas parti du Conseil municipal d'Outremont.
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