Outremont n’en peut plus de racler les fonds de tiroirs. Le financement de la Ville de Montréal versé à l’arrondissement est insuffisant pour répondre aux besoins des citoyens, d’autant que le territoire de celui-ci s’est agrandi de 13 % avec le récent campus MIL de l’Université de Montréal. Pour l’administration Desbois: il est grand temps que la ville-centre ajuste le tir.
« Les arrondissements, et particulièrement Outremont, étouffent ! Si l’on continue comme cela à financer les arrondissements— sous le taux d’inflation— il y a un moment donné où l’on va frapper un mur. On ne pourra plus offrir les services de proximité que les citoyens attendent de nous », est d’avis le maire Laurent Desbois.
En se serrant la ceinture, avec des coupures ici et là, et « grâce à notre bonne gestion », Outremont a réussi à boucler son budget 2023 sans utiliser le surplus (les épargnes pour les imprévus), a-t-il indiqué au Journal d’Outremont.
Or, plusieurs arrondissements ont été obligés de recourir à l’utilisation importante des réserves de surplus et à une forte hausse de la taxe locale sur les services afin d’équilibrer leurs budgets de fonctionnement 2023. « Signe que les transferts de la ville-centre ne sont pas suffisants », a admis l’économiste de carrière.
Les transferts de la ville-centre représentent 65 % du budget d’Outremont. Mais puisque le financement n’a pas été indexé selon l’inflation, le manque à gagner sur deux ans (2022-2023) « constitue une coupure en dollars réels de 785 170 $, réduisant de ce fait le financement des services offerts par l’arrondissement », peut-on lire dans la présentation du budget 2023 du conseil d’arrondissement.
« Un choix politique »
Face à ces transferts centraux insuffisants, Laurent Desbois a soulevé une question importante, lors du conseil municipal de novembre: « Quelle est la vision de l’administration Plante sur les arrondissements? »
— « Est-ce que l’administration [Plante] va continuer à couper jusqu’à l’étouffement complet des arrondissements puis les rendre des coquilles vides? Ou est-ce qu’elle va ajuster le tir et les transferts pour que les arrondissements fournissent les services de proximité qui sont demandés par les citoyens? »
L’élu a rappelé que le 29 novembre prochain, la Ville de Montréal dévoilera le taux de taxation lors de son dépôt du budget 2023. « Nous allons apprendre que la Ville de Montréal décide de hausser leurs taxes et donc leurs revenus, quelque part entre 3 et 6 % d’augmentation, alors que l’arrondissement a reçu une augmentation de dotation de 2 % cette année. »
« Donc, clairement, il y a un déséquilibre fiscal puisque l’on augmente les revenus à la ville-centre sans distribuer [plus d’argent] aux arrondissements. »
Pour le maire Desbois, il n’y a pas de doute: « c’est un choix politique de la part de la ville-centre de couper en dollars réels dans les transferts aux arrondissements » et « ça démontre la vision que la ville-centre a sur l’avenir [de ceux-ci]. »
Devant ce fait, les membres du conseil municipal d’Outremont ont voté deux motions sur l’autonomie financière de l’arrondissement le 7 novembre dernier, demandant à la ville-centre que le montant des transferts soit indexé à l’inflation. Mais aussi, qu’elle ajuste les transferts centraux en fonction de la hausse des coûts supplémentaires engendrés par l’augmentation de 13 % de son territoire, c’est-à-dire le secteur du récent campus MIL de l’Université de Montréal.
Une situation unique à Outremont
« Avec le développement du campus MIL (du nouvel Outremont), le territoire habité a augmenté de 13 % et la population va probablement aussi augmenter dans ses eaux-là. Donc c’est une situation unique ici à Outremont, et bien sûr, ce développement entraîne une augmentation importante des infrastructures, des services nécessaires et de l’entretien que l’on doit offrir aux citoyens », a expliqué le maire.
Dans le plus récent décret 2022 publié dans la Gazette officielle du Québec, le 29 décembre 2021, la population outremontaise s’élève à 26 159 habitants. Avec le campus MIL, « on peut s’attendre à atteindre 30 000 habitants », selon lui.
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