Dans une longue question en anglais lors du dernier conseil d’arrondissement, Shannon Babcock a abordé le sujet de la discrimination systémique et du racisme en questionnant le Conseil des élus sur son action : « Que fait concrètement le conseil ici à Outremont afin d'assurer une société plus inclusive et plus juste ici dans notre arrondissement, aujourd'hui et dans l'avenir ? »
Secouée par les décès de George Floyd puis de Joyce Echaquan, Shannon Babcock souhaite qu’on s’attaque « concrètement à l'injustice de la discrimination sous toutes ses formes. » Elle a également rappelé dans son préambule que la Ville de Montréal a créé le Bureau du commissaire à la lutte au racisme et aux discriminations systémiques. La Ville a par ailleurs désigné Cathy Wong pour mettre en œuvre les 38 recommandations du rapport de la consultation publique sur le racisme et la discrimination systémique, publié en juin par l'Office de consultations publiques de Montréal.
« À Outremont, des règlements ne touchent que certains membres de notre communauté : interdiction des minibus d’enfants hassidiques célébrant Pourim, interdiction de feu à ciel ouvert lors de la cérémonie de crémation du pain avant la Pâque », commente-elle.
« La première chose à faire, il faut prendre acte qu’ici à Outremont, il y a du racisme systémique », a répondu, en pesant chacun de ses mots, le maire Philipe Tomlinson, « et ce depuis des années. » (la réponse du Maire à 1h39’12"en cliquant ici).
« Il faut ensuite identifier les mesures (…) pour s’assurer qu’il disparaisse. Les travaux du Comité de voisinage avec la Table de concertation sont clairement identifiables comme une mesure concrète pour travailler sur ces dossiers-là. L’idée d’avoir des dialogues basés sur le fait qu’on accepte qu’il y a de la discrimination et du racisme systémique, il faut être capable d’en parler, il faut être capable de le mettre de l’avant. C’est le but de la Table de concertation, entre autres. En effet, il y a aussi la révision de certains règlements. On aurait voulu aller plus rapidement dans les derniers mois avec une révision, ou une identification des différents règlements qui pourraient être considérés discriminatoires. »
« Malheureusement, on en connaît - vous en avez pointé deux – en faire l’analyse, comment les changer, comment les améliorer pour que ce ne soit plus discriminatoire, c’est cette portion-là qu’on n’a pas eu la chance de faire. La crise sanitaire nous a obligé à nous occuper du présent. L’urgence a accaparé nos énergies, et nos ressources étaient prises par plein d’autres choses. »
« Mais je peux vous dire que c’est vraiment une chose sur laquelle on veut travailler dans les prochaines semaines, voire les prochains mois pour identifier ce que nous pouvons tous faire ensemble, autant le Conseil et l’administration que les citoyens pour justement mettre fin à cette forme de racisme-là qui existe ici chez nous dans nos rues, nos ruelles, nos parcs. Donc on travaille là-dessus (…) bientôt. On le reconnaît, mais c’est complexe et large. La question n’est pas juste un seul règlement ou un autre règlement, mais c’est assez complexe. On s’y attarde dans les prochaines semaines, soyez-en assuré. »
Des règlements qui datent
Joint au téléphone ce vendredi, Philipe Tomlinson confirme cette discrimination systémique à Outremont qu’on peut lire entre les lignes de certains règlements de l’Arrondissement. Il est vrai qu’Outremont dispose de règlements parfois anciens et datés qu’il serait bon de dépoussiérer, modifier, mettre à jour, moderniser. Il ne s’agit pas ici « de revoir l’entièreté de nos règlements; je pense que nous avons tous d’autres chats à fouetter en ce moment, sourit-il, mais on peut y voir et réfléchir si certains d’entre eux seraient adaptables s’il y a une demande pour le faire… »
« Des exemples de discrimination systémique, on en voit tous les jours peu importe où nous sommes », pense le maire d’Outremont. « C’est aussi une question d’attitude face à des incidents entre voisins, des commentaires sur des réseaux sociaux, des lettres ouvertes, etc.; il y a toujours une réaction excessive de certains, souvent les mêmes, dès qu’un groupe sollicite un aménagement, souvent temporaire, d’un règlement. Et ce racisme ordinaire s’avère souvent aussi dans les deux sens. Mais j’observe des changements et certains des deux côtés cherchent le dialogue. »
Partagez sur
Commentaires