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En début de campagne M. Bakayoko, candidat à la Mairie d’Outremont pour Projet Montréal lançait sa campagne avec la position suivante :
« Il (M. Bakayoko) est ainsi en faveur d’un règlement à usages conditionnels dans Outremont, qui permettrait qu’une synagogue, un dépanneur ou encore un café soit implanté dans une zone résidentielle, par exemple. »
(Extrait du Journal d’Outremont automne 2025 page 5)
Cette position n’était pas une surprise car elle était tout à fait conséquente avec celle qu’il avait rédigée en tant que Président de la Table de bon voisinage, créée par M. Tomlinson. Or, trois semaines plus tard, changement radical de discours :
« Il n’y aura pas de synagogues dans les logements », affirme désormais M. Bakayoko. Quelle volte-face en si peu de temps !
Un discours changeant, mais une idée fixe
Mais là où M Bakayoko est constant, c’est que pour lui le vivre-ensemble passe par la mise en place de nouveaux lieux de cultes hassidiques sur le territoire d’Outremont.
Mais puisque le zonage à usage conditionnel semble désormais écarté, comment compte-t-il s’y prendre, sachant que les lieux actuellement zonés pour accueillir des lieux de culte ne correspondent pas aux secteurs où la communauté hassidique souhaite s’établir ? La réponse se trouve sans doute dans cet extrait d’un communiqué de presse de Projet Montréal, que M. Bakayoko s’est bien gardé de transmettre au Journal :
« Nous ne pouvons pas violer la Charte canadienne des droits et libertés, nous ne pouvons pas empêcher les gens de pratiquer leur religion à leur domicile. »
Des “quasi-synagogues” tolérées ?
On comprend ici qu’en l’absence de changement de zonage, la solution serait de tolérer des lieux de culte informels au sein même des résidences privées. Autrement dit, des “quasi-synagogues”, semblables à celles qui existent déjà à certains endroits de l’arrondissement.
Le problème ? Ce ne seront pas des lieux de culte officiellement reconnus, mais des espaces où les nuisances (bruits, va-et-vient, stationnements…) risquent d’être tolérées au nom de la liberté de religion.
De quoi inquiéter les voisins, et surtout fragiliser davantage le tissu social d’Outremont. Car qui voudra vivre dans un quartier où les règlements municipaux ne s’appliquent plus de la même manière selon la religion ? On peut facilement imaginer une multiplication de ces lieux parallèles, dans un climat de « land claiming » inquiétant.
Des angles morts dans son programme
Autre point intrigant : la rue Van Horne ne figure pas parmi les artères commerciales où M. Bakayoko s’engage à respecter le référendum de 2016. Simple oubli ou choix stratégique ?
Et que dire du projet de synagogue de l’avenue Bernard, actuellement devant les tribunaux ? Va-t-il, comme l’avait fait M. Tomlinson, régler hors cour pour en faciliter la construction ? Ou poursuivra-t-il la voie juridique engagée par l’administration Desbois-Braun ?
Une chose est sûre, pour M Bakayoko, la solution au vivre-ensemble semble se limiter à favoriser l’établissement de nouvelles synagogues sur le territoire. C’est le seul geste concret dont il a parlé. Pourtant, la cohabitation harmonieuse avec la communauté hassidique est une question bien plus vaste et complexe.
On comprend aisément les considérations purement électoralistes qui poussent M Bakayoko à parler des deux bords de la bouche à trois semaines d’intervalle. Mais est-ce vraiment le genre de leadership dont Outremont a besoin pour avancer vers un véritable vivre-ensemble ?
Lucile Baladier
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