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Excusez-moi, je suis en deuil.
A tous les endeuillés du Québec, je vous présente mes condoléances. Les portes de la Maison Monbourquette se ferment. La Maison avait 15 ans.

Lorsque j'ai appris la nouvelle, mes premières réactions étaient le choc, l'incrédulité, un sentiment de trahison même. Oui, tout cela fait partie des étapes du deuil. Je pense à tous ceux qui en ce moment sont en train de vivre un deuil. A tous ceux qui, durant les quatre ans que j'ai passés à la ligne d'écoute de la Maison Monbourquette, j'ai eu le privilège d'accompagner un petit moment le long de leur cheminement de deuil.
Il y a quatre ans j'ai répondu à mon premier appel en tant que bénévole à la ligne d'écoute. "Maison Monbourquette, bonjour". "Bonjour" répond une voix à l'autre bout du fil. La personne me parle de son deuil, de l'être cher perdu. Au fil des années, j'ai répondu à des centaines d'appels. Tous différents, mais tous en lien avec le deuil. Certains étaient très courts, d'autres moins courts. Et presque toujours, à la fin de l'appel la personne se sentait un peu plus sereine, avec un petit peu plus d'espoir. Je me souviens de cet appel qui a commencé avec des sanglots tellement forts que je réussissais à peine à entendre la personne mais une demi-heure plus tard nous étions toutes deux en train de rire.
Il y a aussi ceux qui ne nous ont jamais appelés mais que notre présence réconfortaient. Un ami m'a dit "lorsque ma conjointe est décédée je n'ai pas appelé la Maison Monbourquette mais rien que de savoir qu'elle existait, que je pouvais appeler si je voulais, ça m'a aidé".
De temps à autre, à la ligne d'écoute, on me demandait "avez-vous déjà vécu un deuil vous?". J'avais toujours de la difficulté avec cette question. Je n'étais pas là pour parler de mes deuils à moi. Mais aujourd'hui, je peux répondre ouvertement à cette question. Je vis aujourd'hui un deuil. Le deuil de la Maison Monbourquette, de sa ligne d'écoute, de son environnement chaleureux. Le deuil de savoir que les moments tellement enrichissants passés avec les endeuillés ne seront plus. Le deuil qu'il n'y aura plus de ligne à appeler pour les endeuillés qui sont seuls face à leur peine.
Dans un communiqué de presse de la Maison Monbourqette on apprend, concernant la ligne d'écoute, que "La direction de la Maison fera les meilleurs efforts afin qu’elle soit à brève échéance transférée à un autre organisme qui œuvre à des fins similaires". J'espère que cela sera le cas. Qu'un autre organisme ou qu'une nouvelle organisation accueillera la ligne d'écoute maintenant orpheline.
Ce fut un honneur et un privilège d'avoir pu faire partie du projet de la Maison Monbourquette. Avec mes condoléances les plus sincères,
Artémis Papert
Ex-bénévole à la décédée Maison Monbourquette
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