Un projet pilote de rue-école sera bientôt lancé sur l’avenue de l’Épée, entre les avenues Fairmount et Elmwood, pour sécuriser les abords des écoles Nouvelle-Querbes et Sainte-Anne Buissonnière.

Après avoir testé une première rue-école sur le boulevard Dollard ces dernières années, Outremont a décidé de dupliquer le concept sur l’avenue de l’Épée le temps d’un projet pilote d’une durée d’environ trois semaines. L’accès à l’avenue de l’Épée sera ainsi temporairement fermée à la circulation automobile à partir de l’avenue Fairmount, du 28 mai au 20 juin inclusivement.
Pendant la période de fermeture, « la circulation sur le reste du tronçon de l’avenue de l’Épée, réservé pour l’accès aux résidences seulement, se fera à double sens à partir de l’avenue Elmwood », indique l’arrondissement, et « les règles de stationnement seront légèrement modifiées afin de faciliter les opérations de collecte sur la rue. »
Or, cette initiative est loin de faire l’unanimité, d’après les interventions de trois membres de la communauté juive hassidique d’Outremont lors du conseil d’arrondissement, le 6 mai dernier.
« Nous avons soumis une pétition et, comme le maire a vu, elle a été signée par plus de 80 % des gens qui habitent l’avenue », a dit M. Schwartz. « C’est une décision rapide » et « nous ne voulons même pas en faire l’essai! », a laissé tomber ce père de famille, visiblement inquiet.
« La plupart de nos familles comptent de nombreux enfants », a-t-il raconté en préambule. « Les autobus ne pourront plus circuler. Alors, disons que ma femme a besoin d’aller reconduire mon enfant de 7 ans au coin de la rue : qu’adviendra-t-il des autres enfants encore à la maison… et du bébé qui dort? Elle devra réveiller tout le monde pour faire une sortie? »
« Si l’autre option est d’envoyer l’enfant seul au coin de la rue, je trouve cela très dangereux », a-t-il commenté.
Le fait que l’avenue de l’Épée sera fermée à la circulation automobile par un bloc de ciment est aussi un souci, a-t-il fait remarquer. « Que se passera-t-il en cas d’urgence? », a demandé le riverain.
« L’analyse a été faite au niveau sécuritaire avec le SIM (le Service de sécurité incendie de Montréal) et avec le SPVM », a répondu la directrice de la gestion du territoire, du patrimoine et du bureau de projets de l’arrondissement d’Outremont, Sonia Vibert.
« On a tenu compte des commentaires du SPVM au niveau de l’accessibilité des ambulances et ils vont pouvoir accéder par Elmwood via de l’Épée », a-t-elle poursuivi. « On n'aurait jamais pu fermer la rue si ce n’était pas sécuritaire et si les camions de sécurité n’avaient pas accès aux maisons », a-t-elle assurée.
Le maire Desbois a pour sa part mentionné lors du conseil que ça fait des années que les parents demandent de fermer la rue. « On ne va pas fermer la rue », a-t-il dit, « mais on essaie un projet de fermeture tout en s’assurant de la sécurité des élèves et celle des résidants aussi. »
« Les enfants qui habitent l’avenue de l’Épée auront peut-être 50 mètres à marcher », a-t-il ajouté, en indiquant qu’ « avec la Sécurité publique, le SPVM et le brigadier, on va s’assurer que la sécurité de tous les enfants soit maintenue. »
Un comité de bon voisinage se greffe au projet
Les membres du conseil municipal d’Outremont ont discuté à quelques reprises derrière des portes closes lors de la séance publique, alors que deux élues ont proposé des amendements sur le projet de fermeture de l’avenue de l’Épée.
La conseillère Mindy Pollak a d’abord proposé un amendement pour que le projet pilote prenne fin le 6 juin, plutôt que le 20 juin; et que les heures de fermeture de la rue durant une semaine soient restreintes entre 8 h et 9 h le matin, et 15 h et 16 h, l’après-midi, mais l’amendement a été rejeté.
L’amendement de la conseillère municipale, Valérie Patreau, visant à mettre en place un comité de bon voisinage pour toute la durée du projet pilote a quant à lui été adopté.
Ce comité de bon voisinage, incluant la conseillère du district Claude-Ryan, Mindy Pollak, et des résidants du secteur, « est une bonne idée pour monitorer ça de près », a souligné le maire Desbois. « La sécurité de tous les enfants est extrêmement importante et on va s’assurer d’avoir toutes les conditions gagnantes pour ce nouveau projet qui bouscule les habitudes, j’en conviens », a-t-il conclu.