« Les premières années, je ne pensais pas y arriver du tout », avoue Raymond Cloutier en faisant le bilan des quatre dernières années à la direction générale et artistique du Théâtre Outremont. « En 2012, il y avait tellement à construire, et toutes sortes de choses à faire à la fois. Notre mission culturelle et éducative a dû attendre parce qu’on avait les deux pieds dans la "conciergerie"… », image-t-il.

« Il y avait toute une pente à remonter en termes de planification stratégique. La tâche semblait impossible. La structure technique du théâtre était quasi dysfonctionnelle : les installations techniques, la scène, la sonorisation, etc., étaient obsolètes. Depuis, nous avons changé le parc d’éclairage, refait l’habillage, notamment le rideau de scène. Une opération globale avoisinant les 385 000 $. »
« Je remercie l’arrondissement et la mairesse, insiste Raymond Cloutier, ainsi que les fonctionnaires en charge de la culture à l’arrondissement et à la Ville centre pour leur écoute en considérant l’ampleur de la tâche et les investissements nécessaires, alors qu’on n’avait pas les ressources. Quand la Ville de Montréal a compris que l’arrondissement Outremont n’avait pas les moyens d’une telle salle, il a été décidé de mettre le théâtre sous le parrainage de la Ville. Le Théâtre Outremont est à ce jour le seul théâtre municipal de Montréal ! »
Un outil adéquat
« Un autre défi était de lier la programmation avec un public au départ inexistant », admet le directeur général. « Il nous a fallu deux à trois ans pour trouver les ressources compétentes et monter une équipe, créer un site web, etc.; actuellement une équipe de huit personnes veille sur le Théâtre Outremont. La corporation se développe et nous avons connu une belle progression en 4 ans », poursuit Raymond Cloutier.
« Nous avons désormais un parc technique adéquat qui répond non seulement aux attentes des professionnels, mais aussi à celles du public. C’est d’ailleurs pour lui que nous devons améliorer certaines des installations pour finaliser le bâtiment. Après les aménagements de l’espace scénique, nous devons améliorer ce qui concerne l’espace public et répondre à quelques besoins en confort et en sécurité. Nous allons changer entièrement les sièges et les tapis, mais aussi l’éclairage de la salle », annonce le directeur général.
L’outil technique qu’est devenu le Théâtre Outremont peut accueillir des spectacles à déploiement et des co-productions selon des conditions techniques désormais idéales. « Nous répondons ainsi à une forte demande de location pour les premières de cinéma, par exemple. On sollicite aussi la salle pour y présenter des premières d’avant-tournée. Le Théâtre Outremont devient peu à peu une salle de réputation, une salle qui donne une plus-value à l’artiste qui s’y produit… », observe le directeur artistique.
Entre la poule et l’œuf…
« Mais en raison de nos moyens, il est impossible d’occuper la grande salle de 800 places à l’année longue. Nous voudrions y offrir beaucoup plus de spectacles. Des "stars" comme Tony Bennett ou Diana Krall se produisent parfois dans de petites salles comme celle de l’Outremont pour toucher un autre public. Mais, à moins d’un "sponsor" dans le cas d’un prêt de salle, leur cachet reste prohibitif pour le budget du Théâtre Outremont », précise Raymond Cloutier. « Une programmation courue, qui attire du monde, coûte cher en termes de coûts techniques et de promotion. Des frais qui s’ajoutent au cachet… C’est toujours le problème de la poule et l’œuf pour choisir des spectacles de qualité, à la fois créatifs… et populaires en maintenant notre politique de prix accessibles. »
« C’est pourquoi nous avons créer le Petit Outremont en 2013, un espace fonctionnel très sollicité - les 3/5e de la programmation s’y déroule - pour les petites formations et un public plus intime, pour des rencontres artistiques plus conviviales. Et ça marche, parce qu’on peut y multiplier les soirées et proposer ainsi plus de dates aux Montréalais, très sollicités par l’offre culturelle de la métropole. »
Avec ses différentes programmations, le Théâtre et le Petit Outremont proposent ainsi une programmation presque quotidienne à certaines périodes. La programmation Famille, chaque dimanche à 11h, connaît un succès qui ne s’est jamais démenti. « Nous avons le mandat de maintenir le prix du billet assez bas. Pour y parvenir, entre les commandites et les subventions, nous sommes toujours en train de quémander pour garder juste le nez hors de l’eau », constate Raymond Cloutier. « Le Théâtre Outremont dispose actuellement d’un budget annuel d’environ 2M$. Ayant enfin obtenu un numéro d’organisme de charité fin février 2016, nous avons mis en place notre première soirée bénéfice (Oliver Jones, le 26 octobre). »
Initier des projets
Des regrets ? « Ne pas avoir assez de trésorerie pour être un initiateur de projet. Nous dépendons encore trop de l’offre au lieu d’être celui qui offre, qui propose, pour que le Théâtre Outremont devienne à la fois diffuseur et producteur… »
« Mais le Théâtre Outremont est maintenant une entreprise consolidée, bien huilée, bien organisée. Je suis plus calme car je peux partir le soir sans angoisse », s’amuse Raymond Cloutier.
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