Manger heureux dans les règles de l'art
Par Hélène Côté (21 juin 2011)
Légende
Ce n'est pas parce que les propriétaires, Sylvie Lachance et Urs Jacob, père du mythique Gershwin Hôtel de New-York, étaient à court d'imagination qu'ils ont baptisé leur nouveau restaurant du nom de la rue qui les loge. Saviez-vous que William Van Horne, président du Canadien Pacifique à l'âge de 45 ans, était un fin gourmet, épicurien et bon vivant, et un grand collectionneur d'oeuvres d'art ? Le nouveau restaurant qui porte son nom est de la même trempe. Et si ce mécène infatigable était avec nous encore aujourd'hui, le Van Horne serait certainement un de ses refuges alimentaires de prédilection.
La philosophie de l'établissement transparaît dans chaque petit détail. « Le bonheur passe par l'assiette mais il dépend aussi de l'accueil, du service, de la musique, du décor », peut-on lire sur le site internet du restaurant. L'ambiance, raffinée mais conviviale, est celle des gens qui ont beaucoup voyagé. Minimaliste et épuré, le décor est ponctué de joyeux éclats comme l'imposant totem surmonté de l'oiseau-tonnerre, déniché en Colombie britannique, le Picasso de Richard Bernstein, les assiettes de Roy Lichenstein et les portes du pavillon de l'Iran d'Expo 67. Un voyage en soi. Sylvie et Urs ont trouvé, avec le chef Éloi Dion, leur alter ego en matière de cuisine. Une cuisine de marché, moderne parce qu'ouverte aux nouvelles saveurs et textures, artistique et exaltante. Une règle d'or: zéro compromis sur la fraîcheur. Les poissons, les fruits de mer et les beaux légumes du jour sont des produits chouchou, aménagés de façon inventive, parfois étonnante et toujours savoureuse. L'inhabituelle salade de joue de boeuf dans une sauce à l'estragon, la salade de crabe des neiges et pamplemousse, la salade de bettes à carde, chou-fleur et vieux cheddar, sont de petites merveilles d'entrées. Une mine de découvertes du côté des plats de résistance, comme ce loup de mer sauce hollandaise sur purée safranée et cette poitrine de pintade sur tartelette oignons-rhubarbe. Du plaisir plein les papilles et plein la vue aussi, les assiettes sont palpitantes, comme les toiles d'un artiste. Même soin à la carte des desserts, le dôme de meringue à la mélisse sur coulis de framboise est un ravissement, la verrine de tapioca aux prunes pochées, une grande joie. Encore une fois, technique et créativité éprouvées.
William Van Horne apprécierait, c'est sûr, la fraîcheur de l'apéritif à la rhubarbe dont le chef garde le secret du dosage - avec un peu de gin et une goutte de triple sec, nous dit-on. Et il fondrait d'étonnement devant les mises en bouche, offertes avec le sourire, si jolies qu'on les bouscule à regret. Il serait certainement reconnaissant pour la qualité du service attentionné et informé du plus petit détail. Comme monsieur Van Horne, cette adresse fera du chemin.
Entrées entre 12 $ et 15 $
Plats de résistance de 18 $ à 25 $
Desserts à 8 $
Mar-sam 17h à 22h30
Visa, Master Card, Amex Interac
Restaurant Van Horne
1268, avenue Van Horne
514 508-0828
vanhornerestaurant.com