L'icône d'une entreprise familiale prospère
dirigée par des femmes
Trois des cinq soeurs Lespérance, Lise, Odette et Marguerite dans la boutique en 1944.Outremont est riche de son patrimoine ; des bâtiments dont les murs suintent d’histoire et d’anecdotes, des lieux de souvenirs et de commémoration, des pionniers qui ont marqué la ville de leurs réalisations.
(4 septembre 2011) Qui d'Outremont et des environs ne s'est pas arrêté chez Madame Lespérance au moins une fois pour choisir un bouquet de fleurs pour la fête des mères ou des roses à la Saint-Valentin ? Cette entreprise fut une véritable institution pour les résidants d'Outremont puisqu'elle a eu pignon sur la rue Laurier durant presque 100 ans !
C'est en 1909 que l'homme d'affaires et artiste dans l'âme Léopold Lespérance reprend la boutique Dominion Floral de la rue Laurier pour y nicher sa nouvelle entreprise qui prend le nom de Fleuriste J.L. Lespérance. Elle déménagera plus à l'ouest des années plus tard, au 1135 Laurier, pour y rester jusqu'au début de l'an 2000. Après la mort prématurée de monsieur Lespérance à 39 ans, le commerce est repris en main par sa famille immédiate: six femmes, son épouse et ses cinq filles qui ont baigné dans l'univers des fleurs depuis leur enfance, la famille résidant juste au-dessus du commerce. Des cinq soeurs, ce sera Odette et Francine qui prendront les rênes de l'entreprise sous le nom de Fleuriste Madame Lespérance. « Nous étions un tandem formidable. J'étais beaucoup à l'extérieur pour faire les achats de fleurs en gros, j'étais exigeante, je n'achetais que le meilleur », se souvient Odette avec émotion. « Francine avait un sens artistique aigu. Elle était aussi très efficace et affable dans la gestion du personnel. »
Depuis le début du XXe siècle, les fleurs de Madame Lespérance ont été de tous les bals mondains de Montréal mais aussi des grands événements de famille, corsages de mariage, bouquets de baptême, centres de table pour la première communion, couronnes mortuaires, la liste est longue. La clé du succès de l'entreprise ? « C'est le très grand soin que nous mettions au choix des fleurs les plus fraîches possibles, et à la qualité des arrangements. Nous avons été les premières à faire les beaux bouquets de fleurs mélangées, qu'un fleuriste de Vancouver appellera le Montreal style et qu'il adoptera avec enthousiasme. », ajoute madame Lespérance. Il faut se rappeler que pendant des années, les douzaines de roses ou d'oeillets étaient la norme. Le côté artistique était très présent chez nous. »
Odette Lespérance habite toujours à Outremont. Les jardins de sa résidence de l’avenue Bloomfield -aujourd’hui démolie - où elle habitait il y a quelques années, ont maintes fois été louangés pour la beauté de l'aménagement paysager.
(HÉLÈNE CÔTÉ, LE JOURNAL D’OUTREMONT)