Réponse à la mairesse Cinq-Mars
10.12.2012
Ayant reconnu que Montréal retire de plus en plus de compétences à l’administration de notre arrondissement, la mairesse d’Outremont soutient que les citoyens n’ont pas signé le registre des défusions parce qu’ils s’étaient fiés aux engagements d’Union Montréal, parti politique dont elle vient de démissionner à la suite de nombreux autres. Ce parti, soutient-elle, avait promis que, tout en restant fusionné, Outremont conserverait une certaine autonomie ainsi que tous les pouvoirs voulus pour son bon fonctionnement interne. Selon la mairesse, nous, les citoyens, aurions « opté pour le beau risque. » Elle a la mémoire courte : rares, en effet, étions-nous à être renseignés à temps pour pouvoir exercer une telle option. Voici certains faits qu’elle semblerait vouloir faire oublier.
Un dépliant du ministère des Affaires municipales, résumant « l’étude sur les conséquences et les coûts du démembrement de l’actuelle Ville de Montréal et reconstituant l’ancienne Ville d’Outremont », avait promis la diffusion d’informations sur l’emplacement et les jours d’ouverture des registres. Contrairement à ce qui s’est passé dans l’arrondissement voisin de Mont-Royal et ailleurs, aucun document porteur de ces renseignements n’a franchi nos fentes à lettres : il eût fallu, le bon jour, savoir que les renseignements en question étaient enfouis dans un encart de journal et les y trouver. J’ai moi-même dû les quérir auprès de fonctionnaires mécontents d’être dérangés de la sorte. Madame Cinq-Mars siégeait alors au Conseil à titre de conseillère : elle s’est tue devant ce subterfuge.
Depuis qu’elle est mairesse, sur les questions importantes, madame Cinq-Mars ne livre de renseignements qu’au compte-goutte et à son corps défendant – si ce n’est involontairement – aux assemblées publiques du Conseil. Certes, elle réagit en souriant aux questions complaisantes. Elle n’offre cependant que des réponses impertinentes, et sur un ton sec, aux interrogations le moindrement gênantes, si légitimes soient-elles : je l’ai appris à mes dépens. Comme nous sommes loin de cette assemblée du Conseil – était-ce en 2007 ? – où la conseillère Cinq-Mars insista à répétition auprès du maire Harbour pour qu’il réponde à la question d’une citoyenne indignée par les excès de son administration. Ceci entraîna, peu après, la démission du maire Harbour et l’élévation de la conseillère Cinq-Mars à son fauteuil. L’ascension lui aurait-elle fait oublier le devoir qu’elle soulignait à son prédécesseur ?
J’ai renoncé à assister aux assemblées du Conseil : il faut être masochiste ou trouver un plaisir malsain aux réparties désagréables qui s’y échangent. Eu égard, cependant, aux mobiles désintéressés qu’invoque madame Cinq-Mars pour justifier sa rupture d’avec Union Montréal, personne ne s’étonnera que je n’en croie pas un mot. Aussi ne faudrait-il pas que ces mobiles, fussent-ils authentiques, obscurcissent l’incurie de son administration à l’endroit de problèmes aussi nombreux qu’importants. À d’autres la tâche d’en dresser l’inventaire.
Pierre Joncas
Réponse à la mairesse Cinq-Mars
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