L’administration Desbois a récemment dévoilé ses orientations dans le dossier du 1420 Mont-Royal. Outremont dit non à l’idée d’intégrer un restaurant et une salle évènementielle au sein de ce bâtiment patrimonial situé à flanc de montagne. Mais, oui aux celliers et à la ferme urbaine.
Ces orientations font suite aux recommandations de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), dont le rapport sur l’ajout de quatre nouveaux usages au projet immobilier du 1420 Mont-Royal a été publié fin juin. L’avenir de cette ancienne maison mère des Sœurs-des-Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie repose maintenant entre les mains de la ville-centre.
Une question d’acceptabilité sociale
Selon le maire Laurent Desbois, il a toujours été question d’acceptabilité sociale comme élément critique dans ces droits d’usage. « Lors de la consultation publique de l’OCPM, nous avons très bien constaté, et l’OCPM l’a aussi constaté, qu’il n’y a aucune acceptabilité sociale pour une salle évènementielle ou un restaurant », a-t-il indiqué pour justifier pourquoi Outremont n’allait pas de l’avant avec deux des quatre usages demandés par le promoteur immobilier Corev.
L’ajout d’une salle évènementielle, une décision moins tranchée
Dans son analyse, la commission de l’OCPM recommande sans équivoque à la Ville de Montréal de ne pas ajouter l’usage d’un restaurant haut de gamme de 520 m2 situé au niveau principal du bâtiment.
Or, à la différence de l’administration Desbois, qui rejette l’idée d’utiliser la chapelle des lieux en salle évènementielle – pouvant réunir jusqu’à 800 personnes –, la commission de l’OCPM recommande, quant à elle, l’ajout de cet usage, alors qu’un des grands enjeux de la conversion du bâtiment, depuis le début du projet, est l’accès au public à la chapelle.
Néanmoins, certaines conditions devront être respectées, fait-on mention dans le rapport. L’élaboration de balises pour l’utilisation, la gestion et l’entretien de la chapelle, incluant sa programmation ouverte au public, devra se faire en concertation avec le syndicat de copropriété, les résidants du quartier, l’arrondissement d’Outremont et les divisions concernées de la Ville de Montréal et d’autres parties prenantes, peut-on notamment y lire.
De fait, Outremont est aussi d’accord avec cette condition. « L’arrondissement souhaite également mentionner qu’il travaillera en concertation avec les différents acteurs dans le cadre d’une éventuelle demande d’utilisation de la salle », stipule le sommaire décisionnel du mois d’août.
Protéger l’intégrité du bâtiment
Autant la commission de l’OCPM que l’arrondissement d’Outremont sont favorables à l’ajout de celliers et d’une ferme urbaine au sein du 1420 Mont-Royal. Cependant, il faut « s’assurer que les infrastructures de la ferme urbaine ne constituent pas un risque à long terme pour la structure du bâtiment, notamment en lien à l’humidité et la chaleur qui peuvent être générées par les activités de production agricole », recommande l’OCPM à la Ville de Montréal.
Pour sa part, Outremont exige le dépôt d’un rapport expert en la matière afin de certifier que les équipements qui seront mis en place assureront la préservation à long terme de l’intégrité de la structure. « Le rapport doit être fourni et approuvé avant que le certificat d'occupation ne soit délivré », précise l’arrondissement dans ses orientations.
Le caractère commercial, au cœur des préoccupations
S’il y a une chose notable qui ressort du dossier du 1420 Mont-Royal depuis le début de la consultation publique, c’est bien l’inquiétude des riverains face à l’aspect commercial des demandes du promoteur. « Si l’on avait voulu habiter dans un quartier commercial, nous habiterions sur Van Horne », a illustré André Denis, lors de la séance d’audition des opinions de l’OCPM à l’automne 2022.
André Denis s’était alors présenté devant les commissaires comme « un humble voisin qui subit depuis cinq ans les affres d’un chantier de construction ».
- Aurions-nous perdu tout sens du bien commun?, a-t-il, par ailleurs, soulevé lors de son argumentaire, en guise de résumé du fond de sa pensée à l’égard des nouveaux usages demandés.
Une autre voisine du district Robert-Bourassa, Isabelle Dubé-Côté, qui est aussi très mobilisée pour garder la quiétude de son quartier, a pour sa part rappelé à la séance publique d’Outremont du mois d’août, qu’il y a « un nombre extrêmement élevé de citoyens qui se sont prononcés contre le zonage commercial ».
« Je donne un pourcentage très conservateur mais – que ce soit dans le questionnaire ou encore dans les opinions déposées lors de la consultation publique –, 95 % des répondants était contre l’usage commercial. On ne veut pas d’usage commercial », a-t-elle insisté, en ajoutant qu’il faut éviter que l’arrondissement perde tout moyen de contrôler ce qui peut se faire. « Un usage commercial peut être extrêmement risqué [si c’est mal encadré] », a-t-elle mis en garde.
La suite des choses
La Ville de Montréal devrait adopter un second projet de règlement révisé sur le dossier du 1420 Mont-Royal au courant de l’automne. S’il advenait un processus référendaire, ce dernier se tiendrait à la suite du dépôt de ce deuxième projet de règlement, a laissé entendre le directeur d’arrondissement adjoint Jean-François Meloche.
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Vive opposition contre des ajouts au 1420 Mont-Royal