La grande salle du Théâtre Outremont était pleine au printemps dernier pour assister à la projection du documentaire « Outremont et les hassidim » d’Éric Scott.
Produit par sa propre maison de production, Quatre Jeudis, mais aussi Radio-Canada et le Fonds canadien des médias, ce film aborde – et écoute – les différents points de vue des relations entre les communautés, hassidique ou non, d’Outremont.
« Un conflit entre les Juifs hassidiques et une conseillère d’arrondissement (Céline Forget. NDR) m’a interpellé et je me suis dit que je pourrais peut-être faire quelque chose pour rapprocher les gens en utilisant mes compétences de cinéaste », relate Éric Richard Scott. « Il m’a fallu six années de travail pour faire ce film. Malgré des réactions parfois à fleur de peau, les gens avaient confiance en moi, et ce, des deux côtés… »
Parmi les nombreux intervenants du film, plusieurs personnalités bien connues comme, entre autres, Pierre Lacerte, Mayer Feig, Mindy Pollak ou Philipe Tomlinson. Si certains avis sont tranchés, d’autres aspirent à une vraie rencontre. Selon les intervenants, la langue française, les règlements municipaux, les traditions culturelles et cultuelles, sont autant de points de discorde, mais aussi de points de rencontres possibles si on prenait le temps de se parler et d’expliquer nos différences.
Une langue pour se parler…
« À Anvers en Belgique, ou à Paris, on ne trouvera pas un hassidim qui ne parle pas le français. Sauf qu’au Québec, dans cet océan nord-américain anglophone, le français reste un dossier délicat », analyse le documentariste. « Les Hassidims originaires de New York parlent anglais et comprennent peu ce fait français et cette nécessité d’en parler la langue. »
« On juge plus facilement quand un hassidim fait partie du problème », avance Éric Scott. « Certains hassidims pensent que les Québécois ne les aiment pas. » Reviennent alors sur la table le respect des règlements municipaux, la compréhension des traditions hassidiques, les comportements distants, la confusion entre racisme et désaccord… « C’est toujours une question de communication; chacun apporte avec lui un certain bagage : histoire familiale, héritage émotionnel, rites et traditions. Le film aborde en fait un problème plus global sur l’intégration, l’assimilation et les relations entre des communautés », estime le réalisateur. « Ce film est un outil de communication, fait par et pour les Outremontais afin qu’ils soient assis ensemble pour le regarder puis se parler. »
Une projection sur les ondes de Radio-Canada serait envisagée au printemps 2020. Pour le moment, l’avenir d’un tel documentaire consistera à faire le tour des Festivals internationaux autour du monde, des ventes aux réseaux de télédiffuseurs/distributeurs, etc., et d’être présenté dans les villes où les communautés hassidiques représentent un enjeu. Le titre de cet article pourrait bien être la morale de ce documentaire…
Combien sont-ils ?
Alors que plusieurs voix énoncent une population hassidique entre 14% et 24%, selon les statistiques de la Ville de Montréal (2016/2018), 25% des 23 705 Outremontais, soit 5926 résidents, seraient d'une autre origine que la majorité francophone. Et selon Statistiques Canada, 3450 de ces Outremontais, soit 14,6%, ont le yiddish comme langue maternelle.
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Commentaires
Les hassidim arrivés à Outremont il y a quelques 70 ans n'ont jamais voulu apprendre le français alors pour ce qui est de prononcer '' Bonjour '', on repassera !!!
Le vivre ensemble, la tolérance et l'ouverture d'esprit : la population d'Outremont a largement fait sa part, toujours à sens unique. Il en revient maintenant à la communauté hassidique de faire la sienne.