Une population fortement scolarisée et bien nantie dans un quartier calme et verdoyant, c’est la réputation qui suit Outremont depuis toujours. Sous le masque des chiffres de la majorité, la pandémie a mis en évidence pauvreté, isolement et manque de soutien chez une partie de nos concitoyens. La pauvreté existe à Outremont.
La Table de quartier d’Outremont (TQO) mobilise les forces vives des organismes d’Outremont pour améliorer la qualité de vie des citoyens vulnérables. Elle vient de rendre public un Portrait d’Outremont réalisé par la firme Rayside-Labossière pour outiller l’élaboration de son futur plan d’action. L’étude repose sur les données du recensement 2021, les informations de plusieurs sources publiques, celles d’une dizaine d’organismes de l’arrondissement et de groupes de discussion avec des intervenants communautaires et des représentants de la communauté hassidique. Une bonne partie du rapport porte sur les conditions de vie de la population par tranche d’âge et par quartier. Certains constats font réfléchir.
La pauvreté, une réalité à Outremont
Selon le dernier recensement, 2240 résidants (9,4 % de la population) vivent sous le seuil de faible revenu évalué en 2020 à 26 570 $ contre 68 900 $, le revenu moyen à Outremont. D’autres mesures complémentaires associées aux frais élevés de logement et au panier d’alimentation dans les épiceries locales font comprendre la pression sur la capacité de payer.
Les enjeux
La précarité des services publics de santé à proximité rallie la majorité. Les 65 ans et plus, qui forment près de 20 % de la population, ne sont pas bien servis localement. Le Point de services Outremont du CLSC Côte-des-Neiges offre des soins et une accessibilité limités. En plus, il n’y a, sur le territoire desservi par le CIUSSS, aucun CHSLD qui garantit un environnement de fin de vie francophone. Les quatre RPA sont hors de prix pour une partie de la population alors que 11 % des aînés sont sous le seuil de faible revenu.
Rares sont les ressources locales de soins à coût raisonnable ou sans frais pour traiter l’addiction aux drogues et de soutien à la communauté 2ELGBTQI+. Les familles font face au prix élevé de l’achat local, du logement, du panier d’épicerie et des activités de loisirs, payantes pour la plupart. Enfin, plusieurs familles hassidiques vivent dans des logements de taille insuffisante compte tenu du nombre élevé d’enfants. Parmi les révélations intéressantes, on apprend que 69 % des élèves des 16 écoles d’Outremont (9700 élèves en tout) proviennent de l’extérieur. La congestion dans les rues d’Outremont s’en ressent matin et soir.
Le rapport présente les vulnérabilités par groupe – aînés, jeunes, nouveaux arrivants, famille, communauté hassidique –, mais aussi au vu de cinq secteurs géographiques d’Outremont.
Un plan d’action à venir
Dans la foulée de ce rapport, la TQO aura fort à faire dans les mois qui viennent. D’abord, se mobiliser autour d’une volonté commune, puis dégager des priorités, élaborer un plan de développement, identifier des stratégies et passer à l’action. Les succès des Tables de quartier dans d’autres secteurs de Montréal sont encourageants. Rapport Portrait d’Outremont - tqoutremont.org