L’arrondissement d’Outremont a confirmé la rumeur qui courait depuis quelque temps: les jardins communautaires, situés à l’angle des avenues Durocher et Thérèse-Lavoie-Roux, seront bel et bien relocalisés. Mais pas cette année.
L’espace réservé aux jardins communautaires d’Outremont se trouve sur le site du campus MIL de l’Université de Montréal (UdeM) depuis mai 2017. Ce terrain de 1554 m² appartient à la Ville de Montréal, mais « sera transféré cette année à l’UdeM », a indiqué par courriel le porte-parole de l’arrondissement d’Outremont, Sylvain Leclerc.
Ces jardins collectifs seront donc « déplacés à une date et à un autre endroit qui restent à confirmer », a-t-il ajouté, en précisant que ce déménagement ne se fera toutefois pas en 2024.
Des jardins « à l’abandon »
Sous un soleil radieux, un mercredi après-midi de mai, Paul St-Pierre est le seul jardinier dans les jardins communautaires d’Outremont, à part une femme à l’écart, faisant profil bas. Le mercure doit friser les 30 °C, et ce dernier est alors en pleine séance d’arrosage de son potager; il espère voir pousser prochainement de l’ail, du kale, du radis et du mesclun, ainsi que des courgettes et des tomates cerises.
Ce résidant de l’avenue Ducharme, qui a préparé tous ses semis à la maison un peu plus tôt ce printemps, dit avoir beaucoup de « fun » à cultiver ses propres légumes. Mais alors qu’il entame sa troisième saison dans les jardins communautaires d’Outremont, à cet endroit, ce dernier révèle aussi être déçu de l’état « délabré » des lieux.
«Tout est à l’abandon!», laisse tomber d’entrée de jeu Paul St-Pierre, en pointant du doigt différentes choses autour de lui, à commencer par le robinet d’eau qui fuit.
«On n’a pas de boyau d’arrosage en ce moment, il devait être brisé, je ne sais pas, mais ils l’ont enlevé et il n’a pas été remplacé. Le robinet est surélevé et il faut donc remplir l’arrosoir comme ça dans les airs», raconte-t-il en faisant la démonstration. «Mais ce n’est pas évident, surtout pour les personnes âgées qui jardinent ici.»
Paul St-Pierre déplore aussi au passage l’état des petites clôtures autour des lots. «Il n’y a plus rien qui tient, tout est bricolé. Puis moi, je dois amener mon "fouet" aussi pour couper l’herbe et entretenir les alentours.»
La parcelle de terre voisine est en friche? « Oui, la personne n’est pas venue depuis deux ans maintenant», répond-il en soupirant.
D’un ton nostalgique, le jardinier se souvient alors des anciens jardins communautaires d’Outremont, situés au parc Pierre-Elliot-Trudeau. « C’était très bien là-bas. Il y avait un petit cabanon, des pelles et des boyaux au service de tout le monde, c’était entretenu…Mais là, ils ont déménagé et c’est l’abandon », répète-t-il de nouveau, avant de nous quitter pour aller s’occuper des terriers de marmottes autour de son lot, histoire d’avoir lui aussi du kale à se mettre sous la dent cette année.
Les jardins communautaires d’Outremont, dont la création remonte à 1989, ont été relocalisés en 2017, alors que le parc Pierre-Elliot-Trudeau a été fermé en raison du développement du campus MIL.
Le site actuel des jardins collectifs comprend 50 jardinets. Ils sont tous occupés et « il y a effectivement une liste d’attente », a laissé savoir l’arrondissement, qui attribue les lots par ordre d’ancienneté.
Le tarif pour la location d’un potager pour une saison est de 36,50 $ et Outremont fournit aux jardiniers inscrits le jardinet (la terre), un boyau et l’eau, a-t-on indiqué. Par ailleurs, une personne est maintenant attitrée pour faire appliquer les règlements dans les jardins, « ce qui a amélioré les relations avec les jardiniers », selon l’arrondissement, qui soutient également réparer les cadres en bois entourant les jardinets lorsqu’ils sont brisés.