Rachel Bendayan, une fille du quartier
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- Publication : 11 mars 2019
- Par Michel Joanny-Furtin
Nouvelle députée de la circonscription d’Outremont, Rachel Bendayan a été largement élue le 25 février avec 6086 voix soit 40,4% des votes, loin devant son adversaire du NPD (3925 voix, 26,1%). Elle s’était déjà présentée il y a 4 ans contre Thomas Mulcair. Elle a transformé l’essai… en réussite et ramené la circonscription fédérale dans le giron libéral.
Élue lors de cette élection partielle, elle devra toutefois se représenter à nouveau à l’automne 2019 lors des élections fédérales générales… Rachel Bendayan va profiter des six mois de sa première législature pour se faire mieux connaître et apprécier des électeurs du comté d’Outremont. « Je vais d’abord me concentrer sur la représentation des Outremontais à Ottawa. Il faut écouter les enjeux et les inquiétudes de la population, déclare la nouvelle députée. Notre économie va plutôt bien et le chômage est au plus bas taux depuis 40 ans, mais nous devons rester vigilants quant à l’avenir et soutenir les familles et les PME. »
L’autre enjeu reste l’environnement et les changements climatiques. « J’ai une petite fille de 18 mois, confie Rachel Bendayan, et je veux lui laisser un monde accueillant et plus sain. Je pense que nous avons tous un rôle à tenir pour agir dans ce sens. »
La genèse d’un engagement
Avocate résidente d’Outremont, Madame la députée a de profondes racines dans Outremont et une compréhension particulière de la diversité de son comté. « Je suis née dans un petit appartement qui ne comportait qu’une seule chambre sur l’avenue Côte-des-neiges », raconte-elle. « J’ai fait mes premiers stands de limonade avec mon voisin sur cette rue. »
« Mon père était professeur et chercheur à l’Université de Montréal. Adolescent, il s’est engagé très tôt comme activiste en aidant les familles juives à quitter le Maroc. La vie à Tanger avait changé après la Seconde Guerre mondiale et mes grands-parents, comme de nombreuses familles juives, ne se sentaient plus les bienvenus chez eux. »
Rachel Bendayan a payé ses études de droit à McGill en classant des dossiers, puis comme réceptionniste dans un cabinet d’avocats. Une fois diplômée, elle choisit le droit international chez Norton Rose Fulbright, « même si tout le monde me disait que c’était un champ d’expertise normalement réservé aux hommes, blancs et plus âgés », sourit-elle.
La politique comme un sacerdoce
Rachel Bendayan s’est engagée en politique dès l’adolescence, « à peu près au même âge que mon père, dit-elle. «La politique est dangereuse. C’est divisif et laid», me répétait-il pourtant. De mon implication au sein de l’association du comté d’Outremont jusqu’à mon expérience comme conseillère juridique national du parti, j’ai toujours pensé que la politique peut être positive si les gens s’impliquent pour les bonnes raisons », affirme la nouvelle élue.
« Je me suis impliquée dès l’université; c’est le Droit international et commercial qui m’a mené vers la politique, surtout quand j’ai vu le déclin de l’image internationale du Canada sous le gouvernement Harper » commente-elle. « Le Canada a un rôle très important à jouer ! » Enseignante à la Faculté de droit de l’Université de Montréal, elle a été chef de cabinet de la ministre de la Petite Entreprise et du Tourisme, et a œuvré à l’élaboration de la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat.
« Le monde en entier nous entoure ici à Outremont, tous enrichis d’une nouvelle sagesse. Pour protéger notre communauté, ne laissons pas l’ignorance nous diviser », déclare-t-elle avec passion. « Faites l’effort d’apprendre le français. Partagez votre histoire (…), rompez le pain avec votre voisin et partagez votre culture avec lui (…) pour abattre les barrières qui renforcent la haine. »
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