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Les petits commerces de proximité contribuent davantage à la qualité de la vie d’un quartier que les produits et les services qu’ils proposent à leurs clients. Le tissu de ces petits commerces (boulangeries pâtisseries, fruiteries, cafés, salons de coiffure, friperies, et ainsi de suite) anime notre petit village enclavé dans une ville de grande taille. Ils constituent un des éléments essentiels de son « âme ».

Tant la nécessité de ces petits commerces nous paraît-elle normale que leur présence nous semble appartenir à un paysage immuable. À force de revoir les visages des commerçants, des caissières, etc., ceux-ci nous deviennent familiers. Si l’on n’y prend garde, l’on s’attache à toutes ces physionomies. L’emplette devient l’occasion de remplir son sac de provisions, oui, mais aussi de moissonner d’agréables sourires. L’on s’y habitue, l’on en devient accroc.
Pourtant… Quand un commerce disparaît, fût-ce un restaurant, une librairie, une fromagerie, une papeterie, que sais-je encore, c’est un deuil. Tragédie, bien entendu, pour ceux qui doivent mettre la clé sous le paillasson et pour leurs employés; perte aussi pour tous d’un service utile facilement accessible; perte enfin, et peut-être surtout, de sourires prêts à être cueillis et d’amitiés dont on ne sentait qu’inconsciemment la bienfaisance. «Plaisirs minuscules», aurait pu écrire Philippe Delerm – mais sans trop y croire, j’imagine. Plaisirs simples, à n’en pas douter, mais si simples que seule leur disparition permet d’en apprécier l’importance et la richesse.
Des petits commerces de cette nature foisonnent à Outremont. Leur magie nous enchante, même si nous ne nous en rendons que trop rarement compte. Ils favorisent la vie sociale. Pas mondaine, sociale: ce n’est pas synonyme. Outremont est depuis trop longtemps accablé d’une réputation imméritée de snobisme qui ne disparaîtra pas. Qu’il suffise donc de bien faire et de laisser braire. Pas nécessaire de nous comparer avec ailleurs. Oui, il se trouve des snobs chez nous: mais n’y en a-t-il pas partout? Pour la plupart, les gens d’ici sont accueillants. Fiers? Sans doute, mais quel est le mal là? Orgueilleux? Non. S’il fallait résumer l’esprit, l’« âme », de ce quartier en un mot, y en a-t-il de plus apte, de plus juste que « souriant »?
Sans le nommer – ce n’est pas une réclame –, j’aimerais rendre hommage à un petit café près de mon cœur. Je le fréquente tous les jours. Tout dernièrement, ayant constaté qu’un virus m’avait rendu triste, les employées m’ont surpris avec un bouquet de tulipes. Cette délicatesse m’a ému et égayé. J’imagine que d’autres ont vécu ailleurs des expériences sinon identiques, à tout le moins comparables.
Voilà un grand attrait, pour moi, de ce village enclavé où je suis revenu, il y aura bientôt deux décennies, pour y retrouver mon enfance et ma jeunesse. Je les retrouve.
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