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Vu les circonstances que vous connaissez, je n’ai malheureusement vu qu’un film au Festival des films du monde cette année. Mais comme je suis une grande optimiste, j’ai compensé en me faisant mon propre cinéma. Je vous explique : Grâce à l’immense générosité de Monsieur Raymond Cloutier, Directeur général et artistique du Théâtre Outremont qui a offert sa salle aux fans du FFM, j’ai eu le bonheur de redécouvrir ce magnifique monument historique construit en 1928 et de me balader rêveusement Avenue Bernard. Merci, Monsieur Cloutier !
J’avoue que malgré l’émoi ressenti à la vue de cet impressionnant chef d’œuvre architectural ce samedi-là, je fus très déçue de découvrir l’endroit désert. Où donc étaient mes fidèles compagnons d’aventure retrouvés chaque année à l’entrée des différentes salles de cinéma de ma ville ? Au bout de quelques minutes, dix personnes sont sorties dans la rue. Je suis entrée le cœur un peu gros, ce qui ne m’a pas empêchée d’escalader les marches menant au balcon avec l’enthousiasme d’une jeune adolescente. Je m’y suis retrouvée seule. À la fin du film je constaterai que nous n’étions que six dans la salle.
À mon grand désarroi, je n’ai pu lire les sous-titres car ils filaient sous mes yeux à la vitesse de l’éclair, ce qui arrive parfois. Ce n’est qu’au bout d’une heure que j’ai découvert la langue dans laquelle ceux-ci étaient présentés en reconnaissant un unique mot. Je me suis dit, pour m’encourager, que je vivais l’expérience des films muets du début de 20e siècle. Je ne pouvais partir, je m’en serais voulu. Je n’ai donc pas beaucoup à vous raconter sur le film... une histoire d’amour, un jeune homme épris d’une jolie infirmière qui, tristement, ne lui retourne pas son amour. Puis elle quitte la ville pour poursuivre ses études.
En sortant j’ai vu une vingtaine de personnes attendant la présentation suivante. J’étais triste, je l’avoue. Triste pour notre festival et triste pour notre ville qui subit une telle déception…
J’ai marché rue Bernard jusqu’à Avenue du Parc où j’ai pris l’autobus. Quel beau coin ! Je me sentais bien. Il n’y a rien de plus précieux que de voir le bon côté des choses. Et j’adore regarder les gens. Nul besoin de vous dire qu’il y a une grosse population de juifs orthodoxes dans ce quartier et j’en ai vu de nombreux en me rendant au cinéma. C’était jour du sabbat. J’ai vu des mamans élégamment vêtues de leur robe noire poussant leur gros carrosse avec fierté, de jeunes garçons à chemise blanche et papillotes rebondies, des papas portant casque de fourrure et long manteau noir. Il y avait une atmosphère de paix partout autour de moi...
Puis, dans l’autobus, j’ai changé de siège pour permettre à une jeune maman musulmane de s’asseoir avec sa petite fille. Son jeune ado est resté debout tenant fièrement sa planche à roulettes sous son bras. Quels beaux enfants ! J’étais hypnotisée par leurs grands yeux noirs à longs cils. Je ne cessais de les regarder jusqu’à ce que je me résigne à tourner la tête. Je ne voulais pas les intimider. Comme j’aurais aimé les connaître un peu, savoir où ils habitent, depuis combien d’années ils sont ici... Mais ça ne se fait pas.
Et voilà mon expérience du FFM cette année. Une expérience unique et si différente de celles vécues jusqu’à ce jour. C’est un peu comme si je m’étais fait mon propre cinéma !
Nicole Peretz
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