Engagée et féministe, plus jeune, elle aurait aimé être ministre de la condition féminine. Mais sa carrière l’a menée à travailler un peu dans l’ombre. Investie dans le monde politique pendant plus de 25 ans, Diane Phaneuf a entre autres côtoyé de près les députés fédéraux libéraux d’Outremont Lucie Pépin, Martin Cauchon et Jean Lapierre, en tant que conseillère politique et directrice de bureau de comté pendant 15 ans. Le Journal d’Outremont a rencontré cette jeune retraitée cet été.

Diane Phaneuf a un air de vacances. Elle revient à peine d’un voyage en bord de mer aux États-Unis. Mais elle dégage aussi une impression que quelque chose d’emballant habite sa pensée. En effet, elle révèlera plus tard que son mari et elle viennent tout juste de signer ce matin même l’offre d’achat de leur maison de campagne dans les Cantons-de-l’Est.
Alors que depuis environ un an, elle peut s’offrir le luxe de passer un après-midi complet à lire des romans historiques, comme ceux de Ken Follett dont elle raffole, et que tout récemment elle rêve d’avoir un canot pour prendre le large, l’exercice de faire un retour sur sa carrière aujourd’hui, en est un de mémoire. Comme si tout ça était déjà bien loin derrière, laissera-t-elle entendre à quelques reprises pendant l’entretien. À l’évidence, le rythme effréné des soupers-spaghetti qu’elle a longtemps tenu, est bel et bien chose du passé !
Ses premiers pas en politique
Elle les a faits alors qu’elle était encore étudiante en science politique, à titre d’attachée aux communications au sein du Parti libéral du Québec en 1979. « Je n’étais pas issue d’une famille qui était dans le milieu comme tel, mais j’étais féministe et engagée socialement; à l’école, j’étais présidente de ma classe, et j’étais déjà une jeune idéaliste, impliquée dans la Commission des femmes — puis j’ai commencé au parti, j’ai connu le référendum du Québec… et j’ai beaucoup aimé, alors j’ai voulu continuer », raconte celle qui a été conseillère politique de cinq députés libéraux, au provincial et au fédéral, au cours de sa carrière, c’est-à-dire Lucie Pépin, Henri-François Gautrin, Martin Cauchon, Jean Lapierre et Marlene Jennings. Soit près de 25 ans dans les coulisses du pouvoir.

Sachant cela et peut-être parce que la série House of Cards nous a bien gâtés ces dernières années, même si cela reste de la fiction, il est facile de s’imaginer que Mme Phaneuf en connait un rayon sur le sujet. Mais non, impossible de lui soutirer quelconque histoires sur la vie politique, ni même de lui faire commenter quoi que ce soit sur la Commission Gomery, une enquête qu’elle a tout de même vécu de l’intérieur. Son droit de réserve est béton, et la vérité selon elle, c’est « qu’il n’y a rien à cacher », et « que j’ai travaillé avec des gens qui étaient pour moi très engagés, très honnêtes et très, très bien. »
Mais Mme Phaneuf arrivera tout de même à confier de manière générale par la suite que « c’est sûr que moi quand j’ai commencé ce n’était pas aussi difficile que ce ne l’était les dernières années », faisant référence à la population qui a une perception beaucoup plus sévère envers ses politiciens aujourd’hui, à son sens; en citant brièvement l’exemple du bureau de Martin Cauchon, alors ministre de la Justice, qui avait été la cible d’un vandale en 2003.
« Mais quand on travaille dans ce milieu, on ne généralise pas tout: on voit les choses différemment », souligne-t-elle, en abordant le fait que la politique c’est aussi beaucoup de travail de terrain, qui, par la force des choses, sensibilise à diverses réalités.

Avec la député Lucie Pépin, une ancienne infirmière, et avec qui elle a commencé sa carrière de conseillère politique dans les années 80, ça a été entre autres l’importance de l’engagement sur le plan médical; avec certains groupes communautaires, la lutte contre les logements sociaux exécrables; puis avec le député Martin Cauchon, aujourd’hui propriétaire du groupe de presse Capitales Médias, et avec qui elle a travaillé pendant plus de dix ans, le soutien notamment de l’organisme Jeunesse au Soleil, pour les familles dans le besoin.
Diane Phaneuf, une éminence grise?
« Oui, on a toujours une certaine influence quand on travaille avec quelqu’un, mais comme cette personne a de l’influence sur nous », nuance-t-elle. Dans ce métier, « tu es les oreilles du député lorsque les citoyens appellent au bureau. Le député, c’est un peu un ombudsman du comté. On est conscients des gens autour de nous, des problèmes sociaux… Il y en a de la pauvreté, il y en a de la discrimination; j’en ai vu des gens qui sont démunis face à des dossiers qu’ils ont avec le gouvernement et que même s’ils sont très instruits n’arrivent pas à se démêler dans tout ça. C’est pourquoi le rôle de l’attaché politique est important, pour aider les gens et les faire cheminer. »
Et il reste que dans ce métier, rien n’est acquis selon elle. « Quand tu es attachée politique, même si tu es employée de la Chambre des communes, avec les mêmes avantages que certains fonctionnaires, tu n’as aucune sécurité d’emploi. Si ton député part, ou perd, tu peux te retrouver sans emploi. » Et à cela, Mme Phaneuf ajoute aussi que dans la vie, quand on commence à perdre du monde, ça créé un vide immense et c’est d’une tristesse, évoquant son ami et collègue, le coloré Jean Lapierre, dont le décès à créé une onde choc au Québec cette année.
Outremontaise depuis plus de 30 ans, Mme Phaneuf qui a été présidente de l'Association libérale fédérale de son arrondissement pendant plusieurs années jusqu’en 2014, continue de s’engager socialement, en tant que membre active de la Commission des femmes du PLC, du comité de jumelage du quartier et celui du financement du Théâtre d’Outremont notamment. Mais en l’écoutant parler de tous ses projets de voyages aujourd’hui, force est de constater que sa place n’est plus dans l’ombre, mais certainement bien au soleil !
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