Avec les frontières internationales fermées depuis le printemps dernier et l’avertissement en vigueur d’éviter tout voyage non essentiel à l’extérieur du Canada, le Journal d’Outremont est allé aux nouvelles dans quelques agences de voyages du quartier. Dire que leurs propriétaires attendent que ça reparte avec impatience, relève de l’euphémisme.
De 6,5 millions à… zéro
L’agence Équinox Voyages, qui a pignon sur l’avenue Laurier Ouest depuis 2006, est sous respirateur artificiel en ce moment. Sans les aides gouvernementales, « je serais mort depuis au moins trois mois », avoue son propriétaire, Emmanuel Bureau.
De son chiffre d’affaires de 6,5 millions $ en 2019 — issu de la vente de billets d’avion et de forfaits vacances, « depuis la pandémie, c’est zéro ! », confie-t-il à livre ouvert, avant de nuancer. En fait, « depuis peut-être un mois, je vends environ trois billets d’avion par semaine. » Les voyageurs sont des Canadiens qui retournent voir leur famille dans leur pays d’origine, essentiellement.
Or, la majorité des clients chez Équinox étaient corporatifs avant la COVID-19. L’agence s’occupait notamment des billets d’avion pour le Festival de Jazz, Nuits d’Afrique ou encore Occupation Double. « OD, ça fait dix ans que je suis avec eux. C’est un gros contrat. Là, ils sont rendus à Saint-Jean-de-Matha…»
Question remboursement
Qu’en est-il de l’annonce du 19 août dernier, comme quoi Québec s’engageait à ce que les frais de voyage des Québécois déboursés avant la pandémie soient remboursés en totalité ? « Ça n’a pas encore été fait », répond M. Bureau, dont les clients commencent à peine à se faire rembourser pour les demandes faites au mois de mars. L’histoire des crédits voyage, en revanche, « sera une toute autre paire de manches », selon lui.
Un rêve
Emmanuel Bureau rêve d’une espèce de coopérative d’agences de voyages, où tout le monde travaillerait ensemble pour essayer de passer au travers. Il regarde par ailleurs pour s’associer avec une autre agence en ce moment, afin d’aller de l’avant. « Je faisais de beaux profits dans les dernières années, je suis bien d’accord d’en faire moins, mais pourvu que je sois capable d’exister !
Saisir la balle au bond
Située dans un ancien édifice industriel, avenue Atlantic, l’agence Toundra Voyages, des propriétaires Jean-Christophe Viard et Charles Frobisher, a mis sur pied la branche Parcours Canada, il y a 15 ans, qui se spécialise dans les voyages sur mesure au pays. La vente de road trips à une clientèle européenne, essentiellement. Mais avec les frontières fermées, les choses changent.
« On vendait déjà des voyages de trois semaines dans l’Ouest Canadien aux Québécois depuis environ trois ans. Mais la COVID-19 a vraiment accéléré notre travail pour créer des voyages plus adaptés à cette clientèle », soutient la responsable marketing chez Parcours Canada, Julia Regtmeier. Que ce soit des weekends du côté de Québec, Toronto ou encore en Mauricie, « on veut répondre à leurs attentes, puisque c’est eux qui vont voyager avec nous dans les prochaines semaines, mois ou… qui sait combien de temps ça va durer. »
L’agence de voyages Cinquième Saison, située avenue de l’Épée, et établie depuis 1985, a pour sa part décliné notre demande d’entrevue « étant donné cette période très incertaine pour le domaine du voyage », nous a écrit Line Babin par courriel.
Partagez sur