L’implantation possible d’un restaurant de 80 couverts et d’une salle événementielle pouvant accueillir jusqu’à 800 personnes au sein du projet immobilier situé au 1420 boulevard Mont-Royal, provoque une véritable levée de boucliers chez les résidants du secteur.
Des citoyens préoccupés
La séance du conseil d’arrondissement d’Outremont a été le théâtre de sérieuses discussions le 7 novembre dernier, alors que l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) tient présentement une consultation sur l'ajout de quatre usages pour le 1420 boulevard Mont-Royal.
En effet, le promoteur Corev, qui transforme l’ancienne maison mère des Soeurs des Saints-Noms-de Jésus-et-de-Marie en bâtiment résidentiel de quelque 150 condominiums vise désormais à obtenir l’autorisation d’intégrer quatre nouveaux projets dans l’ancien couvent. Soit un restaurant, une salle de réception, une ferme urbaine et un espace cellier.
Pour ce faire, il a donc demandé une modification au règlement 09-003, adopté en 2010 par la Ville de Montréal. Ce règlement 09-003 est un règlement spécifique à ce bâtiment patrimonial, qui encadre sa transformation et son occupation. Autrement dit, c’est la Ville de Montréal qui régit ce bâtiment et non l’arrondissement d’Outremont.
Or, « la modification de ce règlement adopté en vertu de l'article 89 de la Charte de la Ville de Montréal requiert une consultation publique de l’OCPM », peut-on lire sur le site de cet organisme indépendant.
Face à cette nouvelle, comme quoi il pourrait y avoir des activités commerciales à flanc de montagne, des dizaines de citoyens sont donc venus alerter l’administration Desbois lors de la séance publique lundi soir. La quiétude du quartier est compromise, ont dit plusieurs au micro. De fait, une mobilisation citoyenne est déjà en cours, ont-ils laissé savoir.
« Juste pour information, nous, on a déjà commencé les procédures; relancé les dialogues avec l’ombudsman, pour que l’ombudsman redevienne impliqué. On parle de pétitions, parce que, à date, l’arrondissement n’a absolument rien fait pour nous », a dit l’Outremontaise Isabelle Dubé-Côté.
« Il va y avoir une mobilisation, monsieur le maire, soyez-en assuré, nous allons nous en occuper ! », a pour sa part laissé tomber le journaliste et animateur Jean-Luc Mongrain, aussi résidant du quartier, avec toute la verve qu’on lui connaît.
La vision du promoteur
Le restaurant haut de gamme que souhaite ajouter le promoteur à son projet immobilier est décrit comme suit dans sa présentation soumise à l’OCPM. « Composé d’une cuisine fermée, d’une salle à manger et d’un espace lounge, le restaurant occupera une superficie totale d’environ 520 m2 et permettra de servir jusqu'à 80 couverts simultanément et uniquement en soirée, l'établissement restant fermé le reste du temps. »
Pour ce qui est de la « salle de spectacle/réception », cette dernière sera aménagée dans la chapelle, « conservée dans son état d’origine », au 4e étage. L’espace, « d’une superficie de 871 m2, servira plus précisément à la tenue d’événements tels que: réceptions, vernissages, concerts, mariages, bals, etc... »
« Ces événements auront lieu de façon ponctuelle et dans le respect des règles de bon voisinage, de façon à ne pas nuire à la quiétude des résidents », peut-on également lire dans le document. « À titre indicatif », précise-t-on, « on prévoit une utilisation se limitant à 4 à 6 événements par an, avec un couvre-feu vers les 23h [sic]. »
La position du maire
Des événements ayant lieu de façon ponctuelle? Pour le maire Laurent Desbois, c’est là où le bât blesse. « La présentation faite à l’OCPM suggère entre 4 et 6 événements par an. D’accord. Mais le droit d’usage qui serait accordé [avec la modification du règlement] permettrait de facto une utilisation beaucoup plus fréquente. On ne pourra pas limiter le nombre d’évènements », a-t-il indiqué au Journal d’Outremont.
« On dénaturerait le quartier potentiellement », a-t-il poursuivi. « Et donc ce droit d’usage n’est pas acceptable dans ce quartier totalement résidentiel. Nous changerions potentiellement et sans contrôle la vocation de ce quartier. »
À propos de la consultation publique
La consultation publique de l’OCPM sur l’ajout d’usages pour le 1420 Mont-Royal s’étend jusqu’au 21 novembre prochain. Le 21 novembre étant le jour de la première séance d'audition des opinions.
Il est possible de donner son opinion sur la page de la consultation en répondant à des questions ouvertes, en faisant parvenir un texte écrit à la commission ou en s’inscrivant aux séances d’audition des opinions en appelant au 514 872-8510, est-il inscrit sur leur site web.
La date limite d'inscription pour présenter une opinion orale et pour le dépôt d'une opinion écrite est le 17 novembre.
Un long processus
Cette consultation publique est la suite d’un long processus. Le dossier du promoteur visant à obtenir une révision du règlement 09-003 pour l’autorisation de quatre usages au bâtiment du 1420 Mont-Royal, a d’abord été soumis au comité consultatif d’urbanisme d’Outremont (CCU) (en août 2020), au conseil d'arrondissement d’Outremont (en février 2022) — alors que le sujet de l’heure à ce moment était l’interdiction du cannabis sur le territoire, puis au comité mixte de la Ville de Montréal (en décembre 2021), et enfin au conseil municipal de la Ville de Montréal (en mars 2022), lequel a passé un avis de motion et un premier projet de règlement à propos de ce dossier.
Vers un référendum?
Des citoyens d’Outremont présents lors du conseil ont fait mention qu’ils souhaitaient avoir un référendum sur la question des nouveaux projets au 1420 Mont-Royal. À cela, le directeur d’arrondissement adjoint, Jean-François Meloche, a expliqué qu’il serait possible d’en tenir un, mais qu’il fallait d’abord que le rapport de l’OCPM soit déposé au conseil municipal de la Ville de Montréal, et que ce dernier ait soumis un deuxième projet de règlement.
« Suite à cela, il va y avoir la possibilité d’ouvrir des registres dans les zones qui sont limitrophes au projet. (…) S’il y a un nombre de signatures suffisant, il y aura un référendum sur la demande citoyenne », a-t-il indiqué.
« Je ne peux pas vous donner le nombre de signatures qui est nécessaire parce que c’est en fonction du nombre de personnes habilitées à voter dans chaque zone. Mais c’est un processus qui va être géré par l’OCPM et la ville-centre », a-t-il soutenu.
Commentaires
Un référendum citoyen, cela presse !!!