PAELLA ET FLAMENCO À LA RÉSIDENCE D’OUTREMONT
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- Publication : 6 mars 2018
Le Journal d’Outremont publie intégralement un billet écrit par un M. Jacques Galipeau de la Résidence Outremont.
Au jour le jour
Le 20 février, notre calendrier nous annonce : un souper spécial espagnol avec musique. Tango et Flamenco. Sans autres détails. En lisant cela, je décide d’avance de ne pas rester après le souper pour voir le spectacle et d’aller plutôt me promener tranquillement par les rues avoisinantes. Le souper fini, après avoir dégusté une excellente paella, je reviens sur ma décision. Je reste à table siroter un deuxième café et à attendre avec tout le monde que ça commence. J’ai eu le temps de lire à ma voisine une définition du mot « Flamenco » : « se dit du chant, de la musique et de la danse pratiqués avec guitare et frappement de mains. » Chut… Chut… Chut… ça commence!
Les trois musiciens arrivent sur scène, l’un avec sa guitare, les deux autres, avec comme seul instrument, leur VOIX. Ces deux autres sont un homme et une femme; la femme en robe longue qui s’évase largement avant de toucher terre; c’est la danseuse. L’homme, en complet-veston, c’est le chanteur.
Le guitariste lance le bal. D’abord quelques accords à peine audibles; s’il y a des sourds dans la salle ils n’ont rien entendu. Mais, les accords s’amplifient, s’amplifient, s’amplifient; la danseuse se lève. Elle est très grande et elle est très belle dans sa robe rouge comme une flamme, elle marche comme une déesse et chaque pas qu’elle fait produit un bruit éclatant qui vous remue à l’intérieur de vous-même. Elle n’arrête pas, elle continue à danser, à danser, à tourner et à chanter; elle chante, elle tourne encore; elle s’avance vers nous, ses bras nus élevés au-dessus de sa tête et qui se déploient lentement comme les ailes d’un oiseau quand il va se jeter sur sa proie palpitante.
On dirait une déesse gitane qui danserait toute la nuit avant de tomber d’épuisement. Mais elle, pas du tout. Sa danse se termine c’est tout. Elle retourne à sa chaise, s’assied, passe sa main dans ses cheveux comme si de rien n’était!
Et c’est le tour du monsieur en complet-veston. C’est le chanteur qui reste assis sur sa chaise, qui n’a pas besoin de faire des grands gestes mais qui a une voix, une voix qui passe du presqu’aigu à ce qu’on pourrait presque appeler des sanglots sombres et retenus. Il chante en espagnol. Aucune traduction. Pas besoin. On comprend tout. C’est le récit d’une mère éplorée qui conduit son enfant mort à l’hôpital. Ce sont les cris des amoureux séparés par le destin. La détresse d’un enfant perdu qui cherche ses parents.
La voix du chanteur est phénoménale! Elle nous emmène, en nous tenant par la main, au milieu de toutes ces pauvres misères de l’humanité. Ça pourrait être mélodramatique, c’est tout simplement touchant et fraternel.
Post scriptum
J’ai oublié de souligner le claquement des mains surtout ce moment unique où sans rien d’autre, sans musique ni rien, on entend et on voit les trois artistes assis sur leur chaise qui claquent leurs mains l’une sur l’autre. Ce ne sont pas des applaudissements, ce sont des bouts de chansons, gaies, tristes, banales, et ce qui est intéressant, c’est que peu à peu dans la salle, ça a commencé à claquer des mains avec eux, dans les mêmes rythmes! Ça été très réussi! Ce fut une belle soirée. Après le spectacle les artistes sont partis très rapidement; impossible de leur dire notre admiration ou faire une photo avec eux. J’écris leurs noms et je leur dis merci. Merci au guitariste Philippe Jean, au chanteur José Luis Pérez, et à la danseuse Marie-Andrée Cloutier.
Jacques Galipeau Résidence Outremont
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