Au sujet du stationnement…
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- Publication : 3 juin 2019
- Par M. Pierre Joncas
Le 30 mai, le maire d’Outremont annonçait un régime sévère de tarification pour le stationnement dans l’arrondissement. La circulation, la pollution et les gaz à effet de serre (GES) en seraient réduits; l’espace occupé sur nos rues par des visiteurs serait rendu, en partie, aux résidants pour le rangement de leurs voitures.

Objectifs louables, mais la méthode proposée contribuera-t-elle suffisamment à leur atteinte pour en justifier les effets délétères? D’autres mesures ne pourraient-elles pas y contribuer autant, voire mieux, avec des inconvénients moindres?
Quels problèmes peut-on anticiper sous le régime proposé par Philipe Tomlinson?
Les premiers à être affectés seront les commerçants, notamment ceux de la restauration. Le soir, la plupart des visiteurs s’attablent plus de deux heures pour passer la veillée avec des amis. Ils viennent de trop loin pour accepter de se rendre à pied, en métro ou en autobus. S’ils ne peuvent prendre leur voiture, ils ne viendront pas. Mais pourquoi, demandera-t-on, nous soucierions-nous de la commodité d’étrangers?
Le nombrilisme de la question, ainsi posée, me déplaît. J’y répondrai néanmoins.
Pour rentabiliser un restaurant, il y a un seuil minimum d’achalandage: au-dessus, il prospère; au-dessous, il sombre. Nos restaurants ne sont pas des lieux de convivialité pour les seuls visiteurs: ils le sont tout autant pour les résidants. Si, faute d’achalandage suffisant, ils sont réduits à déposer leur bilan, les Outremontais, eux aussi, les perdront. Le maire et ses conseillers y ont-ils réfléchi? Le péril de la perte d’achalandage s’applique également aux autres commerces.
Les commerces de proximité contribuent plus que leurs produits et leurs services à la qualité de notre vie: ils constituent un élément essentiel de l’âme d’Outremont. Mais pour combien de temps si l’on fait disparaître les conditions de leur survie? La fermeture d’un commerce est une tragédie pour ceux qui mettent la clé sous le paillasson et pour leurs employés; elle entraîne une perte de services précieux pour les riverains et une disparition de sourires qui ensoleillent la communauté entière.
La planète fait incontestablement face à une urgence climatique et écologique. Tous et chacun, nous sommes, responsables de contribuer à sa solution. Il m’étonnerait cependant que, aux heures de pointe d’un jour ouvrable, les engorgements de circulation sur l’avenue Van Horne ne génèrent pas plus de pollution et de GES que toutes les automobiles de passage le reste de la journée, voire de la semaine. Parmi les facteurs y contribuant, il y a la mauvaise coordination des feux de circulation et, plus encore, l’engagement, entre autres l’après-midi à la sortie Van Horne de McEachran, de voitures traversant cette artère quand il n’y a pas encore de place libre de l’autre côté. Le feu change et elles bloquent la circulation sur Van Horne, la ralentissant considérablement. Que de litres d’essence brûlés inutilement, que de pollution et de GES! Pourquoi ne cherche-t-on pas d’abord à résoudre ce genre de problème?
Avant d’imposer des mesures draconiennes, le maire Tomlinson, ses conseillers et les édiles de Montréal seraient sages d’examiner attentivement l’ensemble du problème et de réfléchir aux effets secondaires défavorables de la réglementation esquissée le 30 mai.
Pierre Joncas
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