Pétillante Tamara
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- VIE CULTURELLE
- Publication : 7 décembre 2020
- Par Julie Turgeon
Elle a la bosse des maths, mais également, un bon coup de crayon ! L’artiste Tamara Zakon, 79 ans, a vécu près de 50 ans à Ville Mont-Royal avant de s’établir dans Outremont en 2015. Voici son histoire.
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En 1941, Tamara Zakon n’a que quatre mois lorsque ses parents quittent à pied Rovno en Pologne, pour échapper aux nazis. Trimbalée de sa ville natale jusqu’à Varsovie, en passant par la Sibérie, puis l’Autriche jusqu’en Israël, elle atterrit finalement au Canada avec sa famille, à l’âge de 15 ans. Mais non sans avoir apporté avec elle un livre bien précieux. « Un gros livre » d’arts, dont elle ne s’est jamais départi. « Je voulais devenir artiste à l’âge de 13 ans ! », s’exclame la membre du collectif d’artistes de Ville Mont-Royal, ArtTram, depuis 2013.
« Mais mon père qui se sauvait de toutes sortes de choses en Europe, m’a dit : il n’y a pas d’avenir dans ça, il faut avoir un métier plus stable. Alors il a annulé mes cours de peinture et de sculpture. » Résignée, Tamara a donc « arrêté les arts ». Mais sans toutefois laisser sa passion derrière elle. En fait, elle l’a en quelque sorte apportée dans sa petite valise, en partant d’Israël. « Je n’ai apporté qu’un seul livre et c’est un gros livre d’arts israéliens. Je l’ai toujours gardé », se réjouit celle qui a recommencé à peindre et à dessiner à l’âge de 71 ans, en prenant « des cours de toutes sortes. »
Comme son père, Tamara est plutôt devenue enseignante en mathématiques. Elle a même fait ses études à Harvard dans les années 60, dans le temps où il n’y avait que quatre filles, dont elle, sur une centaine d’étudiants dans ce domaine d’études supérieures.
« Quand je voulais faire peur à quelqu’un [à l’époque], je lui disais : j’étudie les mathématiques », rigole-t-elle.
Mariée très jeune, et mère de trois enfants, Tamara a aussi mené une carrière d’enseignante pendant un demi-siècle au Collège Marianopolis, à Westmount, de 1968 à 2017. En 2018, elle a par ailleurs reçu une mention d’honneur, comme lauréate du Prix d’excellence en enseignement de ce collège.
Mille et un visages
Aujourd’hui, dans son atelier situé au sous-sol de sa maison, les murs sont tapissés de long en large de croquis de portrait. « J’en ai aussi plein les tiroirs ! », dit Tamara, qui vit avec le sentiment de « devoir se rattraper », comme artiste, en faisant des choses tous les jours.
« Alors maintenant, j’habite avec tous ces visages. Ce sont “mes amis”. Ils me regardent. Et ils ne se plaignent pas », s’amuse-t-elle.
L’artiste a en fait un faible pour les portraits sur papier journal. Sa fantaisie ? Collectionner des pages de journaux locaux qui lui paraissent intéressantes, puis les associer par la suite à la personnalité des individus qu’elle dessine. Le papier du journal d’Outremont lui a d’ailleurs servi quelques fois comme support. Sur du papier journal, « je dessine d’habitude au fusain, j’ajoute parfois quelques tâches blanches, et ça sort souvent très dramatique », fait-elle remarquer.
Tamara est une vraie touche-à-tout. Fusain, encre, aquarelle, linogravure, création de vitrail et dernièrement, peinture chinoise : « tout est possible », dit-elle. Mon style est expérimental. Je ne suis pas beaucoup de règles. En fait, je les casse tout le temps ! », laisse-t-elle tomber.
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