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Que Madame Thérèse Lavoie-Roux, où qu'elle soit, me pardonne mais la ville de Montréal vient de faire une gaffe importante en donnant son nom à l’artère principale qui traversera le nouveau complexe des sciences de l'Université de Montréal à compter de septembre 2019.
Non pas que Madame Lavoie-Roux ne mérite pas l'honneur de voir sa mémoire préservée en lui dédiant une nouvelle rue de Montréal, elle qui, après une carrière remarquable en service social, autant comme praticienne que comme professeure, devint la première présidente de la Commission des écoles catholiques de Montréal (CECM) et, éventuellement, ministre de la santé et des services sociaux dans le cabinet Bourassa en 1985.
Cependant, la nouvelle rue qui portera son nom et qui constituera donc l’artère principale du nouveau complexe universitaire allant de l’avenue du Parc, à l’est, jusqu’à la rue McEachran, à l’ouest, aurait dû, selon plusieurs et suivant la recommandation faite par la Société d’Histoire d’Outremont (SHO), être appelée l’avenue Pierre-Dansereau.
Le campus MIL (situé au ’’milieu’’ de l’île de Montréal) abritera désormais les départements de physique, de chimie, de géographie et de sciences biologiques. Qui de mieux à honorer pour nommer la principale voie qui traversera le complexe que le biologiste québécois universellement reconnu comme un scientifique de très haut calibre et récipiendaire de multiples grands honneurs dont ceux accordés par son pays et sa province.
Né à Outremont en 1911, Pierre Dansereau est d’abord attiré par les arts puis poussé vers le droit par ses parents. Mais là n’est pas sa vocation et il se tournera rapidement vers les sciences biologiques. Docteur en sciences de l’Université de Genève en 1939, il travaille au Jardin botanique de Montréal de 1939 à 1942 auprès du Frère Marie-Victorin.
De 1940 à 1971, il enseignera l’écologie à l’Université de Montréal avec des intermèdes dans d’autres université de renom et passera quelques années comme assistant -directeur du New York Botanical Garden, alors le second jardin botanique en importance au monde. Il enseignera encore plusieurs années à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), bien après l’âge de la retraite, pour y être finalement nommé professeur émérite.
Ce trop court survol (voir une biographie complète sur Wikipédia) laisse quand même entrevoir le géant scientifique qu’a été Pierre Dansereau et il n’est pas surprenant que la Société d’Histoire d'Outremont qui avait suggéré à la ville de Montréal trois noms d’outremontais soit celui de Pierre Dansereau, celui de Marie Stéphane, fondatrice de l’École de musique Vincent-D’Indy, et celui de Jeanne Sauvé, première gouverneure générale du Canada ait finalement préféré celui de Pierre Dansereau.
Je suis le premier à reconnaître la contribution des femmes dans l'essor de notre société mais je trouve malheureux que, dans certains cas, cette volonté par ailleurs parfaitement légitime puisse occulter la reconnaissance évidente et préférentielle qui doit être accordée à des hommes plus méritants.
Étant de la même génération que madame Lavoie-Roux et ayant été à même de voir et de reconnaître ses faits d'armes sociaux et politiques, je suis certain que cette femme de grand jugement aurait été la première à se désister de sa nomination en faveur de celle de Pierre Dansereau.
Pierre Sébastien
L’auteur est avocat et ancien bâtonnier du Québec
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