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Lettre d’opinion provenant de membres du Rassemblement pour la sauvegarde du pavillon 1420, boulevard Mont-Royal.
Lorsque l’Université de Montréal (UdeM) a fait l’acquisition en 2003 du 1420, boulevard Mont-Royal, au prix de faveur de 15M$, le recteur Robert Lacroix a déclaré qu’il s’agissait d’une « des plus heureuses acquisitions que l’Université ait jamais faite ». Si le recyclage de cet immeuble avait été réalisé tel que prévu, l’institution aurait profité dès 2008 d’un excellent pavillon, à un coût inférieur à celui d’un édifice neuf, situé dans le campus et à quelques pas de la station de métro Édouard-Montpetit.

Ce qui a tout changé, c’est la décision prise en 2006 par le gouvernement du Québec de développer le CHUM au centre-ville, rendant ainsi disponible la cour de triage d’Outremont pour l’aménagement d’un campus satellite pour l’Université. À l’instar de d’autres universités canadiennes, l’institution aurait pu alors envisager d’autres moyens pour conserver le 1420 dans le domaine public, en le louant par exemple par bail emphytéotique pour en faire des résidences étudiantes. Comme le révèlent des renseignements obtenus grâce à la Loi d’accès à l’information, elle a plutôt opté pour une mise en scène trompeuse concernant les coûts de recyclage de l’immeuble de façon à tirer profit de sa vente au privé.
Aujourd’hui, après une première tentative ratée de vendre le 1420 au Goupe immobilier F. Catania, il n’y a plus aucun profit de vente possible pour l’Université, au contraire. En comptabilisant, après douze ans, le coût d’achat (15M$), les coûts d’aménagement du centre de recherche BRAMS (7M$), ceux des premières mises à niveau (23M$), les coûts de chauffage et d’entretien (5M$) et ceux de la location dans le privé d’espaces qui auraient pu être aménagés dans le 1420 (quelque 20M$), on arrive à la jolie somme de 70 M$. Le Groupe Catania ayant offert 28M$ pour l’achat de l’immeuble, il faut s’attendre à ce que le nouveau preneur, Olivier Leclerc, en offre moins!
Un choix crucial
L’Université est confrontée aujourd’hui à un choix crucial : soit de conserver le 1420 dans le campus actuel, ce qui permettrait de le densifier tout en réduisant graduellement les dettes accumulées dans ce dossier, soit de tenter de nouveau sa chance de vendre l’immeuble pour fins de condos de luxe. Or cette dernière option risque de s’avérer toujours aussi désastreuse pour des raisons précises.
Le 1420 se trouve dans un secteur où il y a peu de commerces et de services de proximité, adjacent au centre sportif de l’Université, donc à une aire de vacarmes et d’éclairages nocturnes et, en plus, sa forme hexagonale avec ses deux cours intérieures se prêtent mal en un recyclage en condos de qualité. Ce que les acheteurs cherchent avant tout c’est du confort : balcons, fenêtres du plancher au plafond, ensoleillement et intimité. Or cet immeuble n’offre pas grand-chose du genre. Comme son enveloppe extérieure ne peut être modifiée pour des raisons patrimoniales, ce n’est que dans les cours intérieures qu’il est possible d’intervenir. Or celles-ci sont très peu ensoleillées et n’offrent guère d’intimité.
Le Groupe F. Catania a tenté de minimiser ces inconvénients en y aménageant des condos transversaux, à savoir avec les pièces d’utilisation commune ouvrant sur l’environnement extérieur et les chambres donnant sur les cours intérieures. Après plus de deux ans de mise en vente, il a obtenu moins de 10% de promesses d’achat pour ses 132 condos. Pour ses 198 condos, le promoteur Olivier Leclerc a prévu un aménagement conventionnel avec accès aux logements par un corridor central. Or il en résulte que quelque 60 condos n’ouvriront que sur les cours intérieures, donc devront être vendus à bas prix à cause de leur confort relatif. Cette approche peut paraître « démocratique » mais, dans les faits, elle n’est guère réaliste. Car, comme le confirmera n’importe lequel sociologue, il y a peu de gens prêts à payer un million et plus pour acquérir un condo de luxe qui apprécieront ce type de cohabitation, sans compter que l’entretien de la chapelle et des lieux communs seront surtout à leur charge.
Pour que le changement de zonage d’institutionnel à résidentiel puisse être maintenu, le Groupe F. Catania avait jusqu’au 2 septembre 2015 pour entreprendre des travaux de construction. Or voici que, pour contourner cette échéance, la direction de l’Université entreprend elle-même des travaux de désamiantage tout en cherchant à établir, d’ici décembre, une entente avec le promoteur Leclerc. Et si, après quelques autres années d’attente, les condos ne se vendent toujours pas, que va-t-elle faire avec l’édifice? Le barricader après avoir investi une autre dizaine de millions pour son désamiantage?
Compte tenu de cette situation, la seule décision logique pour l’Université serait de chercher à louer par bail emphytéotique le 1420 à un OBNL qui s’emploierait à le recycler pour satisfaire des besoins universitaires, par exemple des résidences étudiantes. Une telle option permettrait de conserver cet immeuble dans le domaine public, de répondre à des besoins réels tout en permettant à l’institution d’alléger graduellement sa dette. Dans cette période d’austérité, ce serait le minimum que le gouvernement Couillard devrait exiger immédiatement de la part de la direction de l’Université de Montréal.
Andrea Audet
Micheline Cabana
Éloïse Choquette
Bernard Gauthier
Pierre Joncas
Mariette Major
Jean-Claude Marsan
Madeleine Reid
Daniel Turp
Denyse Vezina
Membres du Rassemblement pour la sauvegarde du pavillon 1420, boulevard Mont-Royal.
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