Sa famille s’est installée à Outremont en 1945 et elle habite sur l’avenue Bernard depuis 37 ans. Un grand nombre d’événements et d’organisations bénéficient de sa collaboration et de son expérience. L’Outremontaise et fleuriste Marie Vermette est partie prenante dans son milieu et dans son quartier. La septuagénaire porte son âge avec vitalité et bonne humeur et aborde la vie avec l’application qu’elle voue aux fleurs. Croquis en trois esquisses d’une femme en avant de son temps, volontaire et optimiste, qui laisse dans son sillage des effluves qui font du bien.
Avant-gardiste, comme la printanière jacinthe
Mère de deux enfants, c’est à l’Éducation aux adultes en cours du soir qu’elle fait Relations publiques à l’Université de Montréal au début des années 1970. Des études qui s’avèreront utiles. Devenue veuve à 38 ans, elle travaillera à la Bourse de Montréal à partir de 1983, et ce, durant six ans pour la direction des communications. Elle contribuera notamment aux comptes-rendus boursiers et à leur diffusion à Radio-Canada, par exemple, à l’émission quotidienne de Joël Le Bigot. Une sorte de Gérald Filion des années 80, en quelque sorte. Le Québec financier gagne en popularité avec les REER, les REA, les FEER, les Salons d’épargne et de placement. La Bourse décide d’offrir aux femmes des cours d’initiation aux activités boursières, un fief jusque là très masculin. Elle fait partie du groupe d’animation. « La preuve a été faite que les pages financières, ce n’est pas juste pour envelopper les pelures de patates », dira-t-elle avec humour. « Ce fut vraiment une passion et une fierté pour moi de rendre ces informations accessibles et compréhensibles ».
Persistante et tenace, comme l’orchidée
Les circonstances de la vie la forcent à changer de route. À l’âge de 50 ans, elle retourne sur les bancs de l’école pour compléter un DEC en fleuristerie à l’ITA (Institut de technologie agroalimentaire) à St-Hyacinthe. C’est qu’elle vient d’acquérir une petite boutique de fleurs au coin de St-Hubert et Laurier et tient à bien servir ses clients. Elle fait, soir et matin, le trajet entre Outremont et St-Hyacinthe durant un an et demi pour apprendre les variétés de fleurs et de plantes, leurs particularités et leur entretien, les arrangements saisonniers, les indicateurs de fraîcheur, la technique des bouquets liés à l’européenne, la coupe des tiges. La boutique Marie Vermette prend son envol. Elle a tout connu, l’insécurité financière, la survie, l’expansion. Après 26 ans d’activités, elle maintient le cap avec une équipe formée en fleuristerie et des clients traités aux petits soins, particuliers et entreprises, de tous horizons. « On peut faire de jolis bouquets pour 15 - 20 $, tout est dans le choix des couleurs, des variétés, de l’aménagement, de la verdure ». En été, on s’approvisionne d’abord auprès de la production locale, beaucoup de Lanaudière, un peu de l’Ontario, mais aussi de Hollande pour certaines variétés comme les hydrangers. Un cycle d’activités et de vie, collé aux saisons et à la nature.
Féconde, comme le géranium rosanne
« Les passions demeurent », aime-t-elle à dire, c’est le credo de la fleuriste mais aussi de la philanthrope qui l’habite. La cause des enfants dans le besoin lui tient à cœur. Elle s’y engage régulièrement et soutient les œuvres du docteur Julien. Elle accompagne la vie culturelle avec ses commandites à l’OSM et à l’Opéra de Montréal. Ses bouquets fleurissent les tables des soupers communautaires de l’arrondissement mais aussi les événements à la Galerie d’art d’Outremont et au Théâtre Outremont. Elle est là où la vitalité l’exige, particulièrement dans la vie de quartier. C’est probablement pour cette raison qu’elle siège au Conseil d’administration de la Caisse des Versants du mont Royal depuis 30 ans. Elle a touché à toutes les disciplines dans un grand nombre de comités et participe aujourd’hui à celui chargé du 100e anniversaire de la Caisse en plus d’être membre du groupe qui fait l’évaluation des projets de quartier et des possibilités de financement. Qui sait mieux qu’elle que pour réussir, il faut d’abord semer, puis entretenir et aimer avant de cueillir ?
En conclusion, nous avons demandé à cette résidente de longue date comment se porte la végétation à Outremont ? « Je m’inquiète que beaucoup d’arbres soient vétustes et en mauvaise condition », répond-elle. Mais c’est la qualité des parcs qui la préoccupe surtout. « Moins de fleurs qu’avant et moins d’entretien. On sent un certain laisser aller qui s’installe, par rapport à ce que fut Outremont », déplore-t-elle.
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